Bulletin n°162 de novembre 2014

Que d’histoires !

Au sommaire :

In memoriam, Jacques Plantey (1929-2014)- 2 pages (Michel Boyé)

Le 3 octobre 2014 notre ami Jacques Plantey nous a quittés, vaincu par la maladie.

Fils d’un entrepreneur du bâtiment, qui fut conseiller municipal arcachonnais, de 1945 à 1965, Jacques Plantey était né à Arcachon le 9 décembre 1929. Il avait fréquenté l’école Paul-Bert, puis le cours complémentaire Condorcet avant d’intégrer l’École normale d’instituteurs de la Gironde ; par la suite, professeur d’enseignement général de collège, il enseigna l’anglais au collège Henri-Dheurle de La Teste, jusqu’à son départ à la retraite.

C’est en 1977 que Jacques Plantey adhéra à la Société historique, alors présidée par Jacques Ragot. Homme de grande culture, musicien et mélomane averti, passionné par les arts, la littérature et l’Histoire au point de multiplier les séjours à Paris à la découverte des grandes expositions, il participa activement à la vie de la Société pendant plus de 30 ans, jusqu’à ce qu’un grave accident de santé l’oblige à prendre du recul au printemps 2012. Lire la suite dans le Bulletin.

Éditorial – Un nouvel outil commun – 3 pages (Armelle Bonin-Kerdon – Madeleine Dessales)

« la grande nouvelle » de la rentrée : la Société historique s’est dotée d’un nouveau site Internet ! L’ancien avait fait son temps : riche de l’expérience d’Aimé Nouailhas, son créateur il y a une dizaine d’années et son administrateur, il apparaissait un peu comme un labyrinthe, certes passionnant pour qui en parcourait les arcanes, mais touffu, et avec des contenus non hiérarchisés. En somme, il était victime de son propre foisonnement. Pourtant, les nombreuses visites dont il bénéficiait attestaient de l’intérêt de ses usagers, au premier chef les adhérents de la Société historique.

Il était donc doublement légitime de vouloir le faire évoluer. Mais, pour cela, il fallait à la fois réfléchir sur le contenu et sur l’outil technique qui permettrait la migration. Réunir des compétences multiformes était donc le défi que la Société historique se devait de relever, si elle voulait parvenir à ses fins. C’est l’occasion de saluer les apports de chacun dans une association comme la nôtre, et de nous réjouir que s’y trouvent réunis d’anciens professionnels de l’informatique, de la communication, du journalisme … et les amoureux de la culture d’une manière générale. Le groupe-projet qui a travaillé pendant plusieurs mois autour du nouveau site Internet a ainsi pu constituer une sorte de maîtrise d’ouvrage, sous la houlette de notre ami Noël Courtaigne, qui en lui-même associait la compétence technique à celle de l’organisation intellectuelle des contenus. Qu’il en soit mille fois remercié, car sans lui rien n’aurait été possible. Lire la suite dans le Bulletin.

Les armoiries d’Arcachon, toujours les mêmes et toujours différentes – 22 pages (Marie-Christine Rouxel)

Le 2 mai 1857, Arcachon est érigée en commune par Napoléon III. La ville se dote en quelques mois de ses premières institutions et des installations communales nécessaires à son indépendance. Il est de coutume d’avoir des armoiries, le premier maire, Alphonse Lamarque de Plaisance (1857-1865), aidé de l’abbé Mouls, va en élaborer pour cette jeune municipalité.

Auparavant, la chapelle Saint-Ferdinand a été bâtie dans le quartier du Moueng et d’Eyrac et sa cloche a été bénie le 12 août 1855 par le cardinal Donnet. Lamarque de Plaisance, alors maire de La Teste, a assisté à la cérémonie et a été frappé par l’inscription gravée sur cette cloche : “Nox heri, hodie aurora, cras lux”, c’est-à-dire : “ Hier la nuit, aujourd’hui l’aurore, demain le jour”.

Il s’en inspire pour concevoir la devise d’Arcachon : “Heri solitudo, hodie vicus, cras civitas”, c’est-à-dire : “ Hier solitude, aujourd’hui bourg, demain importante ville”. Il justifie son choix dans le discours qu’il prononce le 10 octobre 1859 en accueillant à Arcachon Napoléon III, l’Impératrice et le Prince impérial.

“ Soyez le bienvenu dans notre jeune cité d’Arcachon. Tout est à vous, Sire, nos bras, nos cœurs, tout jusqu’à la cité elle-même, qui n’existe que par vous et pour vous.

Qu’était en effet, le pays, avant que Votre Majesté ne prît si glorieusement en mains les destinées de la patrie ? Une vaste solitude : Heri solitudo.

Qu’est-il devenu, grâce à la confiance et au bien-être général, fruits de votre génie dont il a plus que tout autre ressenti les magiques effets ? Un lieu où des milliers d’étrangers viennent plus nombreux chaque année chercher un soulagement à leurs maux, un repos pour leurs fatigues : Hodie vicus. Que sera-t-il demain ? Une ville : Cras civitas. Lire la suite dans le Bulletin.

Les revenus et droits seigneuriaux de la seigneurie de Certes au XVIe siècle : nature et amodiation – 19 pages (Patrick Faure)

Au XVIe siècle, la seigneurie de Certes est la plus grande seigneurie du pays de Buch par la superficie. Comme sa voisine, le captalat, elle appartient à de grands seigneurs non résidents qui passent la plus grande partie de leur temps dans l’entourage du pouvoir et confient la gestion de leurs biens à des intendants, parfois éloignés eux-mêmes du lieu supposé de leur activité. C’est le cas du captalat de Certes dont les intendants et hommes de confiance des propriétaires habitent Bordeaux et ne se déplacent qu’en de rares circonstances, se faisant eux-mêmes représenter in situ.

C’est vraisemblablement pour cette raison que les ressources de la seigneurie ne sont pas exploitées directement mais affermées tous les ans au cours d’une cérémonie, à l’ordonnancement immuable, qui réunit un grand concours de foule, intéressés et curieux. Grâce à ce mode de gestion dont les archives notariales gardent la mémoire, il est permis de connaître assez précisément la nature des droits et revenus seigneuriaux donnés à bail et, par voie de conséquence, d’évaluer la richesse ou, tout au moins, le revenu global de la seigneurie, dans la mesure où la simple addition des prix obtenus pour chaque ferme permet de l’appréhender. L’étude de ces amodiations permet également d’approcher la personnalité des fermiers qui se partagent les droits seigneuriaux. Elle amène aussi à se demander quelles pouvaient être leurs motivations et si le nouveau statut auquel ils accédaient ne leur ouvrait pas des perspectives encore plus grandes. Lire la suite dans le Bulletin.

Naissance des foires et marchés en Pays de Buch – Compléments – 3 pages (Alain Contis)

Dans un article paru dans le précédent numéro du Bulletin, M. Alain Contis s’est intéressé aux conditions de création des foires et marchés dans le pays de Buch. En complément de son étude, il nous a fait parvenir une carte qui indique les lieux où se tenaient ces manifestations commerciales ainsi que deux documents relatifs aux marchés de Salles et de La Teste : la décision royale de création du marché de Salles et l’avis de l’intendant sur l’opportunité d’en créer un autre à La Teste. Au travers de ces textes, transparaît le poids de l’autorité royale, déterminant dans la décision finale.

Création du marché de Salles (ADG cote 8M 177) – Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, salut.

François-Léon Lecomte, notre conseiller en la cour de parlement de Bordeaux, nous a fait remontrer que la terre, appelée Salles, qu’il possède en toute justice, haute moyenne et basse, située dans les Landes, étant un lieu très commode pour le commerce et le débit des marchandises qui croissent dans ces Landes, les habitants de sa terre lui ont fait connaître que rien ne serait plus avantageux au public que l’établissement d’un marché, chaque mois de l’année, avec deux foires par an ; l’exposant ayant écouté cette proposition, il a cru qu’avant de nous demander cet établissement il devait s’informer … Lire la suite dans le Bulletin.

Découvertes archéologiques (II) à Andernos-les-Bains (Bétey) et au Teich (Pointe de l’Eyre et Port – 15 pages (Raymond Lafargue)

Au port du Bétey – À la fin des années 1960 l’extension du port du Bétey avec dragage du chenal de sortie est réalisée (le préfet inaugure le port réaménagé le 10 juin 1969). Et comme à Cassy (voir bulletin n°161), les rejets ont formé des mamelons de sable situés au large de la plage, accessibles à marée basse. Au fil de mes visites j’eus la chance de recueillir du matériel lithique de même facture qu’à Cassy.

Ce qui est remarquable, c’est que les deux sites ont exactement les mêmes caractéristiques et se trouvent tous les deux à l’embouchure d’un ruisseau se jetant dans le bassin, avec des lieux-dits similaires ou ayant la même signification. L’on peut affirmer qu’il doit en être de même dans les autres localités se trouvant sur la côte. Celles-ci se trouvent invariablement à proximité d’un ruisseau où les ports ont été créés tout naturellement. La navigation à cette époque se faisant plutôt en pirogue.

Les deux groupes vivant sur ce littoral du Bassin à la même époque (Néolithique) sont probablement, de la même ethnie. Lire la suite dans le Bulletin.

Le « Royal-Hôtel » à Andernos-les-Bains. Légende et vérité – 8 pages (Bernard Eymeri)

Au numéro 9, rue Albert Decraix, on peut remarquer une grande et curieuse « maison blanche », l’ex Royal Hôtel, beau bâtiment de deux étages au style hétérogène, colonial mauresque et californien. Il n’est pas rare d’entendre des « guides improvisés » raconter son histoire. Celle-ci issue de rumeurs anciennes est devenue réalité pour certains, et la légende tenace se propage. La vérité, moins connue, et peut-être moins glorieuse, mérite néanmoins d’être rétablie.

Les origines – Le 16 août 1880, Marie Biensan fille de Mathieu Biensan et de Jeanne Barreau naît à Audenge. Jeune infirmière dans la marine, sa profession l’amène aux États-Unis où elle fait un court séjour avant d’épouser François Lafargue, né le 22 août 1870, demeurant à Andernos. Ils ont un fils, Pierre Louis qui naît à Audenge le 6 février 1899.

Divorcée, elle se remarie le 26 novembre 1921 avec Jean Douhaut né à Mérignac en Gironde, le 26 novembre 1878. Il est bijoutier à Paris et domicilié 55 boulevard de Belgique au Vésinet, Seine et Oise. Lire la suite dans le Bulletin.

Quand Arcachon séduisait des voix (III) – Donalda, la diva du Canada – 12 pages (Michel Boyé)

Le mardi 13 février 1923, « la grande cantatrice Donalda », native du Canada, se rend à la villa Cyclamen auprès de Pierre Auschitzky pour une expérience nouvelle pour elle : grâce au « téléphone sans fil », elle va pouvoir entendre son mari, le ténor danois Mischa-Léon, chanter à Londres divers morceaux dont… la Marseillaise !

La soprano canadienne est une quasi Arcachonnaise depuis plusieurs mois ; au printemps 1922, elle a décidé en effet de mettre un terme à sa carrière et d’opérer une reconversion somme toute logique, dont la presse locale s’est fait largement l’écho dès le 14 mai : « Madame Donalda, la célèbre cantatrice de l’Opéra-comique de Paris, de l’Opéra royal de Covent-Garden à Londres, du Manhattan Opéra de New-York, du Théâtre Royal La Monnaie de Bruxelles, de l’Opéra de Monte-Carlo, arrive à Arcachon le 22 mai pour s’installer comme professeur de chant dans notre ville. Les élèves et artistes voulant profiter de cette rare occasion sont priés de s’inscrire chez M. Chavan, boulevard de la Plage à Arcachon, et chez Mme Donalda, villa Donalda, boulevard de la Plage à Arcachon ». Arrivée au jour dit, elle a commencé ses cours le 29 mai.

Ainsi Donalda est-elle propriétaire à Arcachon et a baptisé sa villa de son nom d’artiste. Mais qui est-elle ? Comment expliquer sa trajectoire des bords du Saint-Laurent aux bords du Bassin ? Lire la suite dans le Bulletin.

Le service des archives de Gujan-Mestras – 3 pages (Stéphanie Avice)

« Les archives sont l’ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur activité » (loi n°79-18 du 3 janvier 1979). Extrait de l’article L.211-1 du code du patrimoine.

Un document fait partie des archives dès sa création par la collectivité.

Les archives communales sont des documents publics, imprescriptibles et inaliénables : elles font partie du domaine public de la commune, elles ne peuvent en aucun cas être données ou vendues. Les archives permettent de retracer l’activité de notre collectivité à travers les ans. Elles forment notre histoire.

Le maire en est responsable civilement et pénalement (art 193 et 254 du Code pénal). Au sein du service archives les documents produits par les différents services administratifs de la mairie sont collectés et traités. Au terme de la durée d’utilité administrative (DUA), seuls les documents d’intérêt historique sont définitivement conservés. Lire la suite dans le Bulletin.

Textes et documents :

– Hallali dans les passes – 3 pages (Dominique Chevallier)

Dans la première moitié du XXe siècle, un équipage, le « Rallye-Gascogne », chassait à courre dans le Pays de Buch. Il avait été constitué en 1905 par la réunion de trois équipages, le « Rallye-mes-Cousins », le « Rallye Guiraud » et l’ « Équipage de Malakoff ».

Le « Rallye-Gascogne » avait débuté en courant le lièvre, puis il était devenu un vautrait, c’est-à-dire un équipage de chasse au sanglier. Installé dans la Forêt usagère de La Teste, successivement à Malakoff, prêté par Léon Lesca, puis à la ferme de Nézer, près de Lamothe, il disposait d’une meute d’une cinquantaine de griffons vendéens. Son territoire de chasse était un grand quadrilatère limité par L’Eyre, le lac de Cazaux et, bien sûr, l’Océan et le Bassin.

L’extraordinaire hallali qui est raconté ci-dessous a eu lieu le 30 décembre 1908. Le maître d’équipage était alors M. Raoul Bernard, lieutenant de louveterie, propriétaire du Château Guiraud, Sauternes 1er grand cru classé.

Ce récit est tiré du livre de souvenirs d’un veneur bordelais passionné, M. Henri Vergez, intitulé « Le Rallye-Gascogne à travers la forêt landaise », paru en 1933. Lire la suite dans le Bulletin.

– Arcachon Biarritz, octobre 1865 – 9 pages (Anne Guillot de Suduiraut)

Il y a 150 ans, une délibération du conseil municipal d’Arcachon

Dans la réunion du conseil municipal du 16 octobre 1865 le vicomte Héricart de Thury, maire, fait le bilan de la situation financière de la Ville et des divers travaux nécessaires au développement de la cité.

Il présente enfin au Conseil, une étude comparative qu’il a faite entre Biarritz et Arcachon.

À sa lecture il est à constater des constantes municipales entre hier et aujourd’hui : les maires utilisent toujours des comparaisons entre les stations balnéaires de Biarritz et Arcachon (on peut y ajouter Royan et Deauville). L’Office du tourisme vante toujours les qualités du Bassin en visant la clientèle bordelaise et «étrangère». Pour le reste, au lecteur d’apprécier ce qui a changé ou non. Lire la suite dans le Bulletin.

Revue des revues – 3 pages (Olivier de Marliave)

L’Art déco en Aquitaine fait l’objet d’un numéro spécial (n° 91, automne 2014) de la revue Le Festin, toujours aussi somptueuse. Cet important thème de l’histoire de l’art européen y est présenté non pas géographiquement mais par sujets : l’architecture, la céramique, les monuments aux morts, les fontaines, etc.

Livraison somptueuse certes, mais peut-être un peu frustrante pour les Bassinaïres ! L’Art Déco est fort bien évoqué dans la région avec des sites particuliers comme Bordeaux ou le Pays basque, mais il semble que le Bassin d’Arcachon soit moins présent qu’il ne le mériterait.

Ainsi, rien sur la fontaine publique de la source des Abatilles et ses vitraux, rien sur les céramiques de la villa Thétys ni sur son jardin. En revanche, belle présentation du jardin de Casa Sylva du Moulleau avec la reproduction du tableau impressionniste de Charles Siclis (1920). Mais pourquoi aucune villa du Pyla ne figure-t-elle pas dans cette nomenclature pour illustrer le « néo-régionalisme » de cette époque ? Des exemples ne manquent pas, à commencer par l’hôtel HaïtzaLe Dauphin VertPrimerose, et le fameux style Gaume (Iris) à ses débuts qui marqua la dernière période de l’art déco… Lire la suite dans le Bulletin.

Pour terminer : Courrier des lecteurs – À propos de la famille Grailly – 3 pages (Jean-Paul Casse) – L’architecture gujanaise (errata) – Vie de la Société – 5 pages (Aimé Nouailhas)

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