Bulletin n°163 de février 2015

Pour les longues soirées d’hiver

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Éditorial – Qu’est-ce que faire de l’histoire dans une société savante comme la SHAA (Armelle Bonin-Kerdon)

Comme je l’ai dit lors de notre assemblée générale, au-delà du nombre d’adhérents, c’est en effet un levier essentiel de réflexion, sans quoi ces derniers risqueraient de ne pas être satisfaits de nos prestations intellectuelles !

Faire de l’histoire, c’est faire progresser la connaissance du passé du pays de Buch.

C’est à la fois chercher sur des sources inédites, autant que faire se peut, et produire un savoir, notamment en renouvelant les thèmes d’étude.

Même ceux qu’on pourrait appeler les « valeurs sûres » sont en cours de renouvellement, comme l’architecture balnéaire (une conférence a eu lieu en 2014). Un groupe projet s’est mis en place autour de Dominique Chevallier pour rédiger un nouveau guide de la ville d’hiver d’Arcachon et la sortie de l’ouvrage de Michel Boyé et Marie-Christine Rouxel sur les villas d’Arcachon est imminente. Dominique Chevallier a aussi contribué avec moi-même à des avancées sur le thème de Notre-Dame-des-Passes au Moulleau à la faveur du 150e anniversaire de cette dernière.

Des universitaires comme Jacques Clémens, Alain Contis ou Hubert Bonin, ont continué à nous apporter leur concours dans le Bulletin, sur l’histoire médiévale, moderne et contemporaine. Citons aussi les très intéressants articles de Patrick Faure, un de nos administrateurs, sur les XVIe et XVIIe siècles. Certes, les périodes médiévales et « modernes » sont souvent négligées dans le Bulletin, car les documents sont difficiles à déchiffrer. (2 pages)

 

Histoire des églises d’Audenge (Jean Labassat)

Cet article sur les églises d’Audenge reprend les notes manuscrites de Pierre Barreau1, datées de 1974, dont on trouve de larges extraits ci-après, et les travaux de Pierre Labat.

L’histoire des édifices religieux, c’est l’histoire des quartiers d’Audenge et de leur peuplement du Moyen Âge jusqu’à la fin du XXe siècle.

En effet, les édifices cultuels se déplacent du « vieux bourg » d’Audenge (chapelle Saint-Yves, ancienne église Saint-Paul) vers le nouveau quartier des Places. C’est là qu’est construite la nouvelle église Saint-Paul en 1878, dans ce quartier où le marquis de Civrac loge ses sauniers au milieu du XVIIIe siècle.

La situation des églises d’Audenge est illustrée par les cartes qui suivent.

La chapelle Saint-Yves, disparue en 1805 – C’est Claude Masse (1652-1737) qui, en 1708, évoque l’existence de cette chapelle située à la sortie d’Audenge sur le chemin vers Biganos. Chargé en 1688 par le roi Louis XIV de lever la carte des côtes du Médoc et du Pays de Buch, il écrit dans son Mémoire sur les bourgs et les villages du Pays de Buch :

…Audenge est un bourg d’environ 35 feux. Elle appartient au Baron de ce nom. Son terroir est assez bon. On y voit les vestiges d’un ancien château qui fut ruiné aux guerres des Anglais (les ruines d’un château que les anglais ruinèrent pendant qu’ils faisaient la guerre dans ce pays). Il y a près d’Audenge une fort jolie chapelle dédiée à St Yves, où il se fait beaucoup (quantité) de miracles. 

La chapelle Saint-Yves est vendue au titre des biens nationaux, 1ère catégorie, le 3 Ventôse an 3 (21 février1795).

Cette vente nous en a laissé une description précise. (18 pages)

 

À la découverte d’une carte ancienne venant en complément de celle de Masse (Jean-Marie Froidefond & Jean Labassat)

Les cartes anciennes, particulièrement celles que nous ont laissées les géographes du XVIIIe siècle (entre autres Claude Masse, Jean-Dominique Cassini, Pierre de Belleyme), s’imposent comme des outils précieux pour appréhender les aspects du pays de Buch à cette époque.

En comparant ces cartes sud-est du bassin d’Arcachon (à l’est d’une ligne Certes-Ruat), il semble intéressant d’évoquer l’histoire des paysages et de l’économie locale au XVIIIe siècle.

Cet article s’intéresse à des cartes différentes qui présentent des similitudes, et qui interrogent.

Une découverte de Pierre Barreau aux Archives municipales de Bordeaux – En étudiant les cartes de Masse, Jean Labassat a retrouvé une photocopie laissée par feu Pierre Barreau. Celle-ci reproduit le secteur sud-est du Bassin d’Arcachon (Le Teich, Biganos, Audenge) qui malheureusement n’apparaît pas sur la carte de Masse de 1708.

Après des investigations dans les notes de Pierre Barreau, Jean Labassat a retrouvé la mention : carte particulière de la Guyenne, 1758.

Aux Archives Municipales de Bordeaux, j’ai retrouvé la mention suivante sur une fiche : Carte particulière de la Guyenne, n°3 du N°104 XL1-A 64, Cassini, 1785. Seul le titre correspond. Après avoir consulté cette carte, il s’est avéré qu’elle correspond exactement à la photocopie de Pierre Barreau. (8 pages)

 

Sarah Bernhardt à Andernos-les-Bains (Claude Perreaud)

La vie de Sarah, un sujet éculé ? Pas si sûr ! – Plus de soixante livres ont été écrits avec pour sujet sa vie, sa carrière artistique. Il n’est donc pas ici question d’écrire une énième biographie, un énième récit ne faisant que reprendre ce qui a déjà été écrit par des auteurs successifs.

Curieusement, le séjour de l’actrice à Andernos-Les-Bains est très peu abordé et même parfois complètement omis jusqu’à ne plus être évoqué que par une phrase : C’est au cours d’un séjour sur le Bassin d’Arcachon que l’actrice fut amputée. [sic] écrit un biographe.

Le propos de ce texte est de braquer le faisceau du projecteur sur cette période difficile pour l’actrice, tant sur le plan moral que physique.

Que connaît-on en fait du séjour de Sarah Bernhardt en dehors des discours ou des textes dithyrambiques d’élus ou responsables du tourisme local qui, pour vanter les charmes de cet ancien village devenu une ville, parlent du « séjour enchanteur » que l’actrice y fît au début du siècle antérieur ? Beaucoup ou pas assez, mais en tout cas, pas forcément la vérité.

Le présent texte a pour but de démêler le vrai du faux, en prenant le risque de passer pour un iconoclaste. Prenons un exemple tangible : le promeneur qui passe devant la résidence Les Vacances, au 245 de l’avenue de la République à Andernos-les-Bains, peut lire au droit du portail d’entrée : Ici se trouvait la villa Euréka dans laquelle Sarah Bernhardt résida de 1915 à 1917.

Qu’y a-t-il de vrai sur cette plaque, commandée, posée et payée par l’association Hommage à Sarah Bernhardt et dévoilée par le maire de cette ville et son adjoint à la culture, le 25 août 1995, en présence de Bernard de Teyssier, président de l’association ? Le lieu et le nom de la villa ! Malheureusement les dates du séjour sont erronées, l’actrice n’y a résidé que de septembre 1914 à octobre 1915. Ceci n’est qu’un exemple, nous découvrirons d’autres anomalies, d’autres erreurs, ou omissions sur ce qui est dit ou encore écrit de nos jours. (34 pages)

 

La Société des concerts d’Arcachon (1922-1924) (I) (Michel Boyé)

De format 17 cm x 22 cm, avec sa couverture de cuir noir portant en lettres d’or, dans un cartouche, la mention Album, l’opuscule récemment redécouvert constitue un beau témoignage d’un passé culturel prestigieux, celui que connut Arcachon au début des années 1920.

Sa page de titre a été réalisée en 1923 par le dessinateur et peintre Jacques Le Tanneur ; elle est composée d’un frontispice qui représente une scène mythologique : deux faunes, l’un jouant de la flûte de Pan, l’autre de la flûte double (aulos), assis au pied d’un chêne, charment sur le rivage du Bassin quatre baigneuses nues, tandis qu’en arrière-plan, deux sirènes – dont l’une est armée d’un trident – écoutent le duo et admirent la scène. Divers éléments complètent le tableau : au sommet, les armoiries d’Arcachon, surmontées par deux mots : Société des ; de chaque côté un hippocampe ; à la base, une mouette éployée planant au-dessus de la mention Concerts d’Arcachon.

Il s’agit donc du Livre d’or de la Société des Concerts d’Arcachon, qui raconte chaque concert sur deux pages : sur le feuillet de gauche, figure le programme, manuscrit du 10 décembre 1922 au 22 avril 1923 – vraisemblablement par le président, ensuite imprimé (en réalité, l’affichette annonçant chaque manifestation aurait dû être collée… mais ne l’a pas été) ; en regard, sur le feuillet de droite : les autographes des artistes, parfois agrémentés de notes de musique ou de dédicaces…, sauf oubli des organisateurs ou des interprètes. (15 pages)

 

Les conseillers généraux du Pays de Buch (1800-1906) – Notices biographiques (I) Louis Auguste Frédéric Turgan & David Louis Allègre (Madeleine Dessales, Michel Boyé & Bernard Eymeri)

En 2009, la Fédération historique du Sud-ouest a lancé une grande enquête sur les conseillers généraux d’Aquitaine. La Société historique a donc pris en charge l’étude des cantons de La Teste-de-Buch, Belin, Audenge et Arcachon. Après la publication de l’étude de Bernard Eymeri, Antoine de Sauvage, un maire d’Andernos oublié, c’est le résultat des recherches entreprises durant de longs mois qui va être progressivement livré, limité toutefois à la date-butoir de 1906 – création du canton d’Arcachon.

Avant toutes choses, un rappel historique s’impose.

Le 22 décembre 1789, un décret de l’Assemblée nationale consacra un nouveau découpage territorial du Royaume (83 départements) et organisa l’administration départementale ; dans chaque département devait être créée une assemblée composée de 36 membres élus : le conseil de département. Mais celui-ci fut supprimé par la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793), votée à l’initiative de Billaud-Varenne.

L’assemblée représentative du département fut rétablie sous le nom de « conseil général » par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800). Cependant, les membres n’en étaient plus élus mais choisis par le chef de l’exécutif sur une liste de notables départementaux.

S’agissant du Pays de Buch, qui avait compté deux cantons en 1790 (La Teste-de-Buch et Belin), le Consulat le dota d’un troisième canton : Audenge. Cette situation perdura jusqu’au 22 avril 1906 – date de la création du canton d’Arcachon. Entretemps, deux décisions importantes étaient intervenues : après l’échec d’une tentative de réforme à la fin de la Restauration, il avait fallu attendre la loi du 22 juin 1833 pour que les conseils généraux fussent à nouveau des corps élus, mais au suffrage censitaire ; l’élection au suffrage universel ne fut instituée qu’après la loi du 3 juillet 1848 qui permit par ailleurs la désignation d’un conseiller général par canton – de 1833 à 1848, il n’y avait eu qu’un seul conseiller général pour les trois cantons du Pays de Buch. (9 pages).

 

Textes et documents :

– Noëls de guerre, noëls en enfer – Henri Pfihl (Olivier de Marliave)

En respect de la ligne éditoriale que la Société Historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch s’est fixée pour commémorer le centenaire de la guerre de 14-18, nous publions ici les souvenirs d’un Poilu dont le témoignage est un des plus poignants que l’on puisse lire.

Ces notes écrites « à chaud », dès 1920, par Henri Pfihl, architecte qui travailla après guerre à Arcachon et à La Teste-de-Buch, reflètent remarquablement l’ambiance mortifère des tranchées. Une fois de plus, ces récits nous interpellent sur la capacité humaine à supporter ces épreuves au milieu des cadavres pourrissants, du tonnerre de l’artillerie, dans un froid inhabituel et au milieu de la vermine, sans compter l’arrogance et, souvent, la cruauté imbécile des officiers supérieurs. Henri Pfihl était un humaniste pris entre la sauvage réalité du combat et sa conscience d’une guerre absurde.

Un mot d’abord sur l’auteur de ces « Noëls de guerre », né à Brest en 1893 et mort à Arcachon en 1977. Après ses études à l’École spéciale d’Architecture de Paris et ses années de guerre (de 1914 à 1920), Pfihl travaille en Bretagne, à Perros-Guirec. Puis, à partir de 1927, il s’installe à Arcachon pour collaborer avec l’agence Arnaudin, dont il prendra la direction par la suite. Ses réalisations sont toutes signées d’une façon originale, dans un style décoratif propre aux années 1930, en pleine période de l’Art Déco, avec des « colonnes ou supports polygonaux, de légers refends sur le parement permettant un jeu d’ombre et de lumière. Génoise et pergola sont souvent présentes ». (9 pages)

 

– Concession de droits d’usage à des étrangers au Captalat (Patrick Faure)

La forêt usagère du captalat de Buch, autrement désignée par le nom de montagne de La Teste était la propriété éminente des captaux de Buch qui avaient concédé, par des baux à fief, la propriété utile des pins à des ayant ou tenant pins et avaient également autorisé les non ayant pins à y prendre du bois de chauffage et du bois d’œuvre et à y envoyer paître leurs bestiaux en application des baillettes et transactions, négociées par les deux parties. Dans l’un et l’autre cas, les autorisations accordées faisaient l’objet de contreparties, principalement financières qui consistaient, pour l’essentiel, dans le versement d’un droit d’entrée, assimilable à un prix d’achat, pour les premiers et au paiement d’un service rendu, pour les seconds. Toutefois, les uns comme les autres n’en étaient pas quittes à si bon compte : les tenant pins devaient encore acquitter le gemmayre qui était proportionnel à la quantité de résine produite et dont le taux pouvait être révisé à la faveur de tractations entre le captal et les intéressés. Ils pouvaient aussi parfois se voir interdire l’accès de la forêt, après une décision de fermeture, prise par le captal, qui ne visait à rien d’autre qu’à leur faire consentir un nouveau don, plus ou moins gracieux, mesure qui frappait également les non ayant pins et dont la levée mettait également ces derniers à contribution. Sauf dans le cas de la fixation du gemmayre qui était négociée par leurs représentants, les tenant pins devaient faire face individuellement à leurs obligations. En revanche, c’est la communauté qui représentait les non ayant pins par le biais des syndics des trois paroisses, de Saint-Vincent de La Teste, Saint-Maurice de Gujan et Saint-Pierre de Cazaux et les droits d’usage étaient concédés à l’ensemble des habitants, pris collectivement et également à chacun d’eux en particulier. (11 pages)

 

Revue des revues (Olivier de Marliave) (2 pages)

 

Vie de la Société (Aimé Nouailhas) (4 pages)

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