Bulletin n°170 de novembre 2017
Au sommaire
Éditorial – La Société historique et les Journées européennes du patrimoine : des constats à méditer 1 (Armelle Bonin-Kerdon et Madeleine Dessales)
Les Journées européennes du patrimoine se sont déroulées les 17 et 18 septembre derniers sur la thématique prometteuse et fédératrice intitulée Citoyenneté et Patrimoine. Pourtant force est de constater que les interventions de la Société historique ont été limitées. Notons néanmoins que les participants ont été satisfaits des prestations mises en œuvre.
Certes, le manque de personnes-ressources s’est une fois de plus fait ressentir, ainsi que l’insuffisance de coordination avec les municipalités. Mais il semble bien que la thématique ait désarçonné l’ensemble des partenaires, ce qui explique l’absence globale d’unité des manifestations, quels qu’en soient les porteurs.
D’un côté, le patrimoine local a pu être valorisé comme tel, sans le mettre en rapport avec la citoyenneté, et les visiteurs ont alors approfondi les visites de lieux emblématiques de telle ou telle commune. De l’autre, un effort louable a été accompli pour traiter le thème général de la citoyenneté, via notamment un quizz, mais on a eu du mal à le rapporter au patrimoine local. Lire la suite dans le Bulletin.
Les vitraux de l’église Saint-André du Teich 3 (Raymond Lafargue)
Saint André, fêté le 30 novembre, est le patron de la paroisse du Teich. On le voit ici sur la façade de l’église inaugurée en 1924. Sa statue, d’une hauteur de 2,10 mètres, réalisée en pierre de Lavoux, est l’œuvre du sculpteur parisien Jean Georges Pierre Achard (1871-1934).
Qui était André ? André, son frère Simon (qui deviendra Pierre) et leur père sont pêcheurs sur le lac de Tibériade près de Génésareth ; le vitrail représentant la scène de la pêche miraculeuse nous les montre au moment où Jésus demande à André et à son frère de le suivre pour faire d’eux des « pêcheurs d’hommes » ce qu’ils font sur le champ après avoir abandonné leurs filets et leurs barques. Déjà disciple du Baptiste, André est le premier à être appelé par Jésus. Comme lui, il subit le martyre de la crucifixion. Dans le cimetière qui était autour de l’ancienne église du Teich se trouvait une croix en pierre qui, sauvegardée, porte sur une face Jésus et sur l’autre André (sanctus Andréas).
André représenté avec sa croix en X, est crucifié à Patras en l’an 60 sous le règne de l’empereur Néron. La légende dorée rapporte que son supplice est ordonné par le proconsul de cette région dont André avait converti l’épouse, et qu’il lui avait offert l’alternative suivante : être sacrifié aux idoles ou mourir sur la croix. Ayant choisi le martyre, l’apôtre survit deux jours durant lesquels il prêche à la foule qui s’indigne, menaçant le proconsul de mort. Celui-ci cherche donc à le faire descendre de la croix. Mais impossible de le délier ; les mains qui cherchent à le détacher sont frappées de paralysie et le saint meurt dans une grande lumière. Il est toujours représenté avec sa croix de laquelle il ne put être détaché, avec parfois un filet rempli de poissons. Il est le protecteur des pêcheurs et des poissonniers. Lire la suite dans le Bulletin.
1916 – 1956 – 2016 La Lanterne des Morts du cimetière d’Arcachon 20 (Michel Boyé)
Au début de l’été 1915, devant le nombre croissant de décès de militaires dans les formations sanitaires de la ville, la municipalité arcachonnaise s’interroge sur l’extension qui s’impose du cimetière communal créé en 1859 et déjà agrandi en novembre 1883.
Le conseil municipal du 12 septembre 1915 autorise donc le maire James Veyrier-Montagnères à se mettre en rapport avec l’administration des Eaux et Forêts pour obtenir la concession du terrain nécessaire à l’agrandissement souhaité du cimetière. Il y a urgence… mais ce n’est qu’en juin 1916 que la question revient à l’ordre du jour de l’assemblée municipale. Le 24 juin, les élus apprennent ainsi qu’« après contacts avec l’Autorité supérieure, l’administration des Forêts a mis à disposition [de la ville], sur réquisition militaire, une partie du terrain dont l’aliénation était demandée, ce qui permet [enfin] de remplir les formalités légales nécessaires.»
La prise de possession de quelque 74 ares a eu lieu, grâce à l’intervention de l’Armée, quelques jours auparavant, le 16 juin.
Pour les élus, cette mesure d’urgence ne peut suffire ; ils demandent :
– que l’agrandissement du cimetière portant sur une surface totale de 23 564,78 m2, y compris la partie réquisitionnée, soit déclaré d’utilité publique ;
– que la commune soit autorisée à acquérir la dite parcelle en vertu de la loi du 3 mai 1841 soit à l’amiable après une expertise préalable, soit par voie d’expropriation ;
– que les bois situés sur le terrain cédé restent la propriété de la ville qui sera autorisée à défricher le terrain acquis au fur et à mesure des besoins… Lire la suite dans le Bulletin.
Le conseil municipal d’Arès pendant la guerre 1914 – 1918 (II) 33 (Jean Marie Blondy)
Après Verdun, la France est diminuée et ses ressources sont mesurées malgré le regain d’espoir d’une victoire annoncée. On voit ainsi apparaître au grand jour des problèmes nouveaux pour la population arésienne. Jusqu’alors relativement peu touchés dans leur vie de tous les jours, les habitants vont se trouver confrontés à des difficultés pour continuer à pouvoir bénéficier aisément de soins. Ils devront surtout faire face aux restrictions d’approvisionnement que les tickets de rationnement rendent palpables au quotidien jusqu’à la fin du conflit et même après.
Période 1917-1919 – 17 février 1917 – Le conseil après en avoir délibéré, désirant faire œuvre de solidarité nationale vote la somme de 50 F à l’association de « l’Aisne dévastée ». 26 mai 1917 – Le conseil décide d’affecter une partie du cimetière en concessions perpétuelles gratuites pour les soldats morts au Champ d’honneur et charge la commission d’aller désigner l’emplacement qui lui sera affecté. Les tombes des militaires déjà ensevelis sont déclarées concessions perpétuelles. Un monument commémoratif sera érigé. 16 juin 1917 – Le maire soumet au conseil la réquisition de 225 quintaux métriques de foin dont est frappée la commune et dont il a reçu l’injonction de l’Intendant Militaire sous le couvert du Président de la Haute commission du ravitaillement. Le conseil établit ainsi la liste des personnes qui devront concourir à la fourniture de cette réquisition. À noter que Sophie Wallerstein devra fournir 75 quintaux, Genty Labrunette, Eugène Goubet et Raymond Basile, 25 quintaux chacun, le maire Chéri Ducamin devant s’acquitter de 10 quintaux. Lire la suite dans le Bulletin.
Léon Cigarroa (1894-1944) 45 (Hubert Bonin)
À la Banque de France de Bordeaux et d’Arcachon : un grand blessé de la guerre de 1914-1918 confronté à une mort extraordinairement tragique à la fin de la guerre de 1939-1945.
La rue Léon-Cigarroa, en plein centre d’Arcachon, ne couvre qu’une centaine de mètres et la renommée de ce personnage n’atteint pas celle de « héros » de l’histoire girondine. Pourtant, notre propos est d’éclaircir la connaissance sur cet homme qui, au bout du compte, n’aura atteint une reconnaissance publique, voire civique, qu’après une mort tragique, dans l’ultime train de déportation ayant quitté la Gironde en été 1944. Les archives historiques de la Banque de France permettent de reconstituer la vie de Cigarroa, une carrière somme toute discrète à la succursale de la Banque de France puis au bureau d’Arcachon ; elles fournissent aussi des éléments sur les circonstances de son arrestation et des explications sur le cheminement qui l’aura conduit à un destin fatal, en expression symbolique des pratiques du totalitarisme nazi.
Un homme ancré dans le grand Sud-Ouest – Cigarroa aura passé quasiment toute son existence non loin de ses racines atlantiques, de Saint-Jean-de-Luz à Bordeaux. En effet, il est né le 31 janvier 1894, à Saint-Jean-de-Luz, de Dominica Domec et de Pierre Cigarroa, capitaine au long cours. Mais son père décède quand lui-même est encore au lycée, et, malgré le petit capital familial, il s’est résolu à entrer dans la vie active sans trop tarder. Il effectue ses études secondaires jusqu’en troisième au lycée de Bayonne, où il obtient un certificat d’études secondaires du premier degré ; puis il monte à Bordeaux : en une année dans ce qui n’est pas encore le grand établissement d’études supérieures en management (aujourd’hui : Kedge), il se voit attribuer un diplôme professionnalisant (« diplôme supérieur » ; « numéro 4 ») de l’École supérieure de commerce et d’industrie de Bordeaux en septembre 1911. Lire la suite dans le Bulletin.
Les grands lotissements à Andernos,en bordure du bassin d’Arcachon 59 (Jean-François de Chorivit)
Cet article fait suite à celui intitulé : « Grands propriétaires terriens à Andernos aux XVIIIe et XIXe siècles », par Jean-François de Chorivit, publié dans le Bulletin de la SHAA n° 156 (mai 2013), pages 60 à 71.
Au milieu du XIXe siècle, deux riches et puissants « financiers » parisiens, Léopold Javal et Chrétien-Guillaume Oppermann, font l’acquisition de vastes terrains sur la commune d’Andernos, à l’est du village, en direction de Taussat. Quelques décennies plus tard, leurs héritiers vont les utiliser pour réaliser de grands lotissements.
D’Augusta de Laëmel à Sophie Wallerstein – Léopold Javal décède à Paris le 28 mars 1872. Il lègue tous ses biens, dont la fameuse Terre d’Arès, à sa veuve Augusta de Laëmel qui, pendant 20 ans, va vendre régulièrement des terrains dans le quartier du Broustic, au centre-ville, à de vieilles familles d’Andernos. Le Domaine du Bétey fait partie de la Terre d’Arès ; il s’agit de petites dunes boisées, au bord du Bassin, vers l’est en direction de Taussat, s’étendant jusqu’à la Lande d’Andernos qui appartient à la famille Oppermann. Augusta de Laëmel commence en 1890 à démembrer ce Domaine du Bétey.
Le 8 octobre 1890, par un acte passé au Château d’Arès où elle réside, devant Maître Labat, notaire à Audenge. Augusta de Laëmel vend 17 hectares de pins en bordure de Bassin à Bernard Bournisien, « propriétaire » habitant Gujan. Le terrain cédé, qui fait partie du Domaine du Bétey, est un quadrilatère délimité par le Bassin au sud, la route allant d’Arès à Facture au nord, l’indivision Oppermann à l’est (au niveau de l’actuel boulevard de l’Union) et le reste du Domaine du Bétey à l’ouest (à partir de l’actuel boulevard de l’Avenir). Ce terrain n’a pas de nom ; il ne s’appelle pas encore Le Falgouët ; il contient uniquement des pins résinés et des fougères. Lire la suite dans le Bulletin.
La quête de l’eau potable à Arcachon (II) 83 (Raphaël Vialard)
La première partie de l’article présentait les difficultés rencontrées par la nouvelle commune d’Arcachon pour fournir de l’eau potable à une population en pleine croissance.
Bientôt une solution – Le 26 mars 1865, sur proposition de la commission nommée dans la précédente séance, le conseil municipal d’Arcachon approuve, à l’unanimité, le devis et le cahier des charges dressés pour l’adjudication de l’entretien des voies publiques, le balayage, l’arrosage et l’éclairage pendant deux années qui commencent à courir le 1er juin suivant.
Lors de la même séance du conseil municipal, lecture est faite d’une lettre du préfet de la Gironde, en date du 13 mars courant, qui transmet diverses observations du ministre de l’Intérieur sur le projet d’emprunt de 1 200 000 F voté par le conseil et les plus imposés dans la séance du 14 mai précédent.
Le maire dit qu’il ne doute pas qu’en fournissant au ministre de l’Intérieur des explications sur les points signalés dans sa dépêche, et en introduisant peut-être dans l’ensemble du projet quelques légères modifications, il ne soit facile d’obtenir une décision favorable ; mais que, depuis que le dossier est parti pour Paris, « un fait grave s’est produit » : la Compagnie du Midi a entrepris, à Arcachon, le forage d’un puits artésien, qui paraît avoir des chances sérieuses de réussite.
Dans cette situation, l’administration municipale croit devoir s’abstenir de toute espèce de démarches directes ou indirectes pour activer la réalisation du projet d’emprunt. En effet, si le puits artésien peut fournir l’eau nécessaire aux besoins du pays, il est complètement inutile d’aller la prendre à l’étang de Cazaux. Comme l’amenée des eaux de Cazaux est le point capital du projet d’emprunt, celui auquel tous les autres sont subordonnés, est nécessaire d’attendre le résultat de l’essai, tenté par la Compagnie, pour répondre aux observations du ministre de l’Intérieur. Lire la suite dans le Bulletin.
Les huîtres du Bassin en 1631 101 (Alain Charriaut)
Depuis le haut Moyen Âge, la petite mer de Buch est le principal pourvoyeur du marché de Bordeaux en poissons de mer, mollusques et crustacés. Le transport des produits se fait durant la nuit afin que la clie soit approvisionnée dès l’ouverture de la vente au petit matin. Le poisson est vendu exclusivement par des poissonniers jurés et les transactions avec les pêcheurs ou ceux qui ont acheminé la marchandise, se règlent immédiatement en espèces « sonnantes et trébuchantes ».
Il n’en va pas de même de cette transaction retrouvée dans les minutes d’un notaire bordelais qui, par son importance, a mérité la rédaction d’un acte notarié.
En voici le texte, transcrit en conservant l’orthographe de l’époque mais en ajoutant la ponctuation afin d’en faciliter la lecture et la bonne compréhension :
« Du mardy vingtcinquiesme du moys de février mil six cens trente ung après midy.
« A esté présent Jan Dupuch, marchand et habitant de la paroisse d’Andernos en Buch, lequel de son bon gré a vendu par ces présentes à Anthoine Despaignet et François Daunis, aussi marchands, habitants de la ville de La Réole, à ce présents, stipulants et acceptants, savoir est quatre barriques de coutoys de neuf bouteilles chacune et quatre cas d’uistres de quinze bouteilles… Lire la suite dans le Bulletin.
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