Babar dans l’Île aux Oiseaux

L’Île aux Oiseaux : le Bassin d’Arcachon, royaume de Babar en 1951 ?

Jean-Claude Bertreau, bibliophile distingué de Bordeaux, a attiré mon attention sur Babar dans l’île aux Oiseaux, de Laurent de Brunoff (1951). Selon lui, cet ouvrage est particulièrement recherché en Aquitaine car l’Île aux Oiseaux de Babar est identifiée avec celle du Bassin d’Arcachon.

En effet, l’île de Babar est présentée comme une île maritime. Elle est accessible en bateau par une rivière : “Pom, Flore et Alexandre, les enfants du roi Babar et de la reine Céleste font une promenade après le petit déjeuner. En longeant le bord de la rivière, ils aperçoivent trois oiseaux dans un bateau à voile. Deux échassiers et un petit canard cherchent le roi Babar pour l’inviter ainsi que sa famille sur leur île”. C’est sur des voiliers que l’île aux oiseaux est atteinte par la famille du roi Babar et par Piros et Cardombal, ambassadeurs du roi des oiseaux qui règne sur l’île.

Au cours du récit de la visite de l’île sont mentionnés : le mal de mer, le bruit des vagues. Les enfants de Babar prennent un bain. Des marins sur des bateaux prennent dans un grand filet “l’énorme et vilain poisson” qui a avalé le petit canard.

L’île de Babar présente de sommaires installations : un port aménagé de quais, une jetée à l’extrémité de laquelle se dresse un phare. A l’intérieur de l’île, existe une piste d’autruchodrome munie de barrières ! Mais le public de choix, ainsi les éléphants, assiste aux courses assis sur les branches des arbres voisins. En outre, un rucher important approvisionne une fabrique de pain d’épices avec sous-sol et appelée “la petite maison verte”. Notons que l’île des oiseaux du Bassin possède un Truc Vert (carte de 1956).

Babar, éléphant aux mœurs humaines, personnage d’albums pour la Jeunesse a été créé en 1931 par Jean de Brunoff (textes et images). L’auteur est né le 9 décembre 1899. Il est issu d’une famille d’intellectuels. Son père Maurice a publié durant plus de vingt ans Comoedia illustré, un mensuel sur l’actualité théâtrale. Cosette, sa sœur aînée, épouse Lucien Vogel, éditeur du magazine de photos Vu et directeur du Jardin des Modes. Michel, le puîné, a officié comme rédacteur en chef de Vogue.

C’est son épouse, Cécile de Brunoff, qui aurait, semble-t-il, inventé le personnage pour raconter des histoires à leurs deux premiers fils, Laurent et Mathieu, vers 1930. L’Histoire de Babar, le petit éléphant paraît donc aux éditions du Jardin des Modes en 1931. Condé Nast, le propriétaire du Jardin des Modes, a vendu, en 1935, les albums de Babar à Hachette. Babar, fort coquet, est à l’image de son inventeur Jean de Brunoff, toujours impeccablement vêtu de costume de tweed. Jean de Brunoff est emporté le 16 octobre 1937 par une tuberculeuse osseuse. Laurent poursuit l’œuvre de son père. Il publie vingt-trois volumes de 1946 à 2001, en particulier, après Babar et ce coquin d’Arthur (1946) et Pique-Nique chez Babar (1949), Babar dans l’île aux oiseaux en 1951.

Trouve-t-on dans les albums Babar d’autres indices de réalisme géographique ? Selon le premier album de 1931, la mère de Babar est tuée et Babar se réfugie dans une ville utopique, sorte de Paris idéalisé. Babar accède à la station debout et adopte le costume de couleur verte, avec l’aide d’une vieille dame très riche. Babar parcourt en voiture une campagne idyllique qui évoque les bords de la Marne, où les Brunoff ont alors élu domicile. De retour dans la jungle, Babar succède au vieux roi des éléphants, empoisonné par un champignon. Babar se marie avec Céleste. Le voyage de Babar (1932) se déroule à bord de leur ballon dirigeable. Céleste et Babar observent ainsi la côte méditerranéenne. Ensuite la vieille dame, leur bienfaitrice, les emmène, après un épisode au cirque Fernando, dans une station de ski des Alpes. Le roi Babar (1933) se déroule principalement à Célesteville. Laurent de Brunoff a publié en 1965, Babar à New-York et Babar en Amérique, les deux ouvrages inspirés de son voyage aux États-Unis avec sa femme Marie-Claude.

L’émission de France 3, Thalassa, magazine de la mer, du 24 janvier 2003, consacrée en grande partie à l’Île aux Oiseaux a présenté une interview de Laurent de Brunoff qui vit à Manhattan (New-York). Sa famille a fait plusieurs séjours de vacances sur le Bassin dans les années 1940-1950. L’auteur a déclaré qu’il n’a été séduit – comme il a toujours adoré les oiseaux – que par les deux mots : oiseaux et île. Mais aucun paysage de la vraie Ile aux oiseaux ne l’a inspiré.

Si l’île aux oiseaux visitée par Babar est identifiée avec celle du Bassin d’Arcachon – “ l’Afrique, selon Jean Cocteau ” – , le pays des éléphants ou le royaume de Babar, voisin du royaume insulaire des oiseaux qui est seulement accessible par rivière (l’Eyre ?) serait-il le pays de Buch ou le Bassin d’Arcachon ? Le Bassin fréquenté depuis plusieurs décennies par de nombreuses personnalités l’aurait été aussi par Babar, “ star internationale ” (P. Gaumer), publié dans plus de dix-sept langues et de cent cinquante pays.

Jacques CLÉMENS

BIBLIOGRAPHIE

– Laurent de Brunoff, Babar dans l’île aux oiseaux, Album Babar, Hachette n° 9, Hachette, 1951.

– Nicholas Fox Weber, L’art de Babar, l’œuvre de Jean et Laurent de Brunoff, éd. Nathan, Image, 1989.

De Mémoire de Babar, édité à l’occasion de l’exposition Babar du Salon du Livre de Jeunesse à Montreuil, coproduite avec Hachette Jeunesse, 1997.

– Patrick Gaumer, Les albums de Babar, dans La vie du collectionneur n° 393, 2001, p. 14-16.

Extrait du Bulletin n° 115 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.

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