La participation des Sallois à l’alerte du 6 mai 1793

LA PARTICIPATION DES SALLOIS À L’ALERTE DU 6 MAI 1793

 

Aujourdhuy sept may mil sept cent quatre vingt treize l’an 2è de la République française à une heure après minuit le corps municipal en permanence en la chambre commune, est arrivé un courrier chargé d’une dépêche de la Municipalité de Mios qui nous annonce que les ennemis ont descendu sur la cotte d’Arcachon et qu’ils entrent dans notre territoire ; aussitôt nous fésons sonner le toscin, battre la générale, et envoyer des dépêches dans tous les quartiers éloignés du chef lieu de cette commune.

Les citoyens ont été rassemblés malgré l’étendue de la paroisse sur les quatre heures du matin dans le bourg de Salles, alors nous leur avons lu la dépêche que nous venions de recevoir, et dans le même moment il nous est arrivé un autre messager portant des ordres exprès que l’ennemi était descendu. A six heures les maire, officiers municipaux et le procureur de la commune sauf d’un qui resta en permanence dans la maison commune, à la tête de cinq cents hommes armés de fusils de chasse, de fourches de fer, de volants1, d’ancipanes2, de faux manches à l’envers, de haches, de sabres et de grands coutelas partirent pour la Teste, sur leur passage s’informèrent à Mios s’il y avait quelque chose de nouveau ; il n’y avait aucune nouvelle, nous fumes à neuf heures au passage de la Mothe ou nous trouvâmes une lettre du comman­dant du génie du fort de la Roquette qui nous annonçait de rester en station jusqu’à nouvel ordre ; néanmoins nous crûmes prudent de nous avancer près le lieu menacé, nous fumes à Gujan attendre les ordres ultérieurs du commandant, en effet nous en trouvâmes qui nous annonçaient encore de rester en station ; nous restâmes donc à Gujan et écrivîmes à la municipalité de la Teste qu’au besoin ils pouvaient disposer du nombre que nous étions, mais deux heures après nous reçûmes un nouvel ordre, que c’était une fausse peur, que tout était tranquille et que nous pouvions nous retirer. Nous devons cependant observer que nous ne pouvons donner assés d’éloge au civisme de nos citoyens, il n’y en a aucun qui n’eut désiré se mesurer avec l’ennemi, et nous sommes certains d’après le monde que nous avons trouvé en nous en retournant que si dix mille hommes avaient débarqué, un seul ne se serait pas réembarqué ; mais nous manquons de munition, il serait bien de nous envoyer au besoin un baril de poudre pour charger nos fusils de chasse, n’en ayant aucun de munition. La municipalité se propose de faire fabriquer des fourches légères et bien aiguës pour servir dans l’occasion, et si on pouvait nous faire passer cent cinquante piques que nous ferions emmacher (sic) sur les lieux même que quelques fusils de chasse ou autres que les citoyens de cet endroit se serviraient bien en y fesant mettre seulement une baguette de fer.

fait et arrêté en la maison commune les dits jour, mois et ans que dessus. Signés à l’original Giraudeau maire, Larauza, autre Larauza, Laville, Grégoire, Dumeste, Berdot et Dupin officiers municipaux, Bédouret procureur de la Commune, Dupuy, Dumartin, Techoueyres et Dumora notables et moi secrétaire soussigné.

Pour copie certifiée conforme à l’original par nous.

signé : Giraudeau maire et Morel secrétaire.

 

1. faucilles

2. ancipane : instrument pour couper les buissons (lexique du gascon parlé en Bazadais)

 

(A.D. Gironde, 4 L 168)

Extrait du Bulletin n° 61 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.

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