La municipalité de Lège demande à Monseigneur Charles-François d’Aviau du Bois de Sansay, archevêque de Bordeaux, de ne plus dépendre d’Andernos pour le culte.
A Monseigneur Charles François d’Aviaud – Dubois, comte de l’Empire, officier de la Légion d’Honneur, archevêque à Bordeaux
Monseigneur
Les soussignés habitants de la commune de Lège, longtemps privés de la satisfaction de remplir les devoirs que la religion imposés à tout Chrétien, supporteraient avec patience cette privation dans l’espoir de voir rétablir, avec l’organisation du diocèse, l’exercice du culte catholique dans leur églize ; leurs espérances ont été déçues puisqu’elle a été supprimée et réunie à celle d’Andernos.
Ce serait trahir la vérité de vous dire, Monseigneur, que la commune de Lège a appris cette détermination avec calme ; au contraire nous étions indignés de nous voir ainsi sacrifiés, et obligés à un déplacement de deux lieues pour assister aux offices divins qui se célèbrent à Andernos, de voir les vieillards, condamnés à une privation absolue à cet égard et nous-mêmes, pendant le mauvais temps et au moindre dérrangement de notre santé.
Cependant après ce premier mouvement de sensibilité, bien pardonnable nous comptions pouvoir nous soumettre avec résignation à ce qu’on exigeait de nous, mais nous éprouvons, Monseigneur, que ce sacrifice n’est plus possible. D’abord par la difficulté résultant de notre très grand éloignement de l’églize d’Andernos, située à l’extrémité opposée de notre territoire, puis par un motif infiniment puissant, et que vous approuverez sans balancer, Monseigneur, celui d’avoir vu mourir nos parents et nos amis privés de tout secours à l’heure terrible de la mort. Car, pas un de ceux décédés longtemps avant l’organisation et depuis, n’a pu avoir la consolation de se réconcilier avec Dieu, ce qui a causé des scènes extrêmement affligeantes pour certaines familles.
Souffrant depuis plusieurs années, nous ne savions, Monseigneur, comment nous y prendre pour remédier au mal que nous éprouvons, mais aujourd’hui que nous connaissons la lettre écrite le onze mars dernier à M. le Préfet de la Gironde par S.E. le ministre des cultes, nous ne doutons plus de l’amélioration de notre situation à cet égard.
Pourquoi, Monseigneur, nous sollicitons de votre Justice et de votre religion pour le bien de la notre, l’érection de l’églize de Lège en chapelle, vous priant de daigner agréer nos vœux sincères pour la prolongation de vos précieux jours et la salutation bien respectueuse que nous avons l’honneur de vous faire par la présente.
Lège, le 14 avril 1810
Signatures : Ducamin, maire – Gassian, adjoint Bouscarrut – Robert – Dubet – Boi
(A.D.G. I. V. 133)
Extrait du Bulletin n° 18 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.