Rapport de Brémontier – 1778
Proposition de transcription
1 mai 1778
Raport du Sr Bremontier relativement aux
effets que peuvent produire les digues construites
par les habitans du Porge pour l’établissement de
leurs pescheries, sur les terres qui bordent les
étangs de La Canau, St Helêne, Carcans et Hourtin.
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Les étangs de La Canau et d’Hourtin sont séparés
par les pescheries de Talaris, et par un marais de
3000 to environ de longueur sur 4 a 500 to de
largeur. La longueur de ces étangs ou marais
depuis la 1ère pescherie du Porge jusqu’au vilage
de Cartignan est de 16000 to. La surface des eaux
sur cette longueur est de niveau ou peut etre
considérée comme telle. Un coup de vent du Nord
ou du Midi fait refluer assez indiferemment ces eaux
d’un etang dans l’autre quoy que leur cours naturel
soit cependant determiné du coté du Midi, et cet effet
n’arrive que parce que elles sont retenues par
les digues des pescheries du Porge qu’elles sont
forcées de surmonter pour se rendre dans le
chenal de Leige et dans le bassin d Arcachon.
La distance depuis lextremité au sud de l’étang
de La Canau ou la 1ere pescherie du Porge jusqu’au
Bassin d Arcachon est d’environ 10000 to. Ce qui
fait une longueur totale depuis le commencement
de l’etang d’Hourtin jusqu’au Bassin d’Arcachon
de 26000 to.
Plusieurs personnes m’ont assuré que lors des
grandes pluyes accompagnées de forts coups de vent
de la pte du Sud, les eaux de ces etangs refluoient du
coté du Nord par les marais de La Brasquelle et
Vendais contigus au Bassin d’Hourtin, et se rendoient
dans la Garronne par le gua et les chenaux de
St Viviens. Mais on ne peut compter sur le débouché
parce que le progrès des dunes du coté des Buradels
vilage près les bois de La Brasquette, interrompront
tot ou tard cette communication. Sur les remarques
qui ont été faites et d après la hauteur ou les eaux
se sont élevées, lors qu’elles ont pris cette direction
on peut juger que le point le plus élevé entre
le Bassin d’arcachon et la garronne en suivant les
étangs, se trouve dans les marais de La Brasquette
et que le fond de ces marais est a peu pres 6 ds plus
élevé que le fond de ceux du Porge entre la 1ere
et la 2de pescherie de cette psse du coté de l’etang de La Canau
Les etangs d’Hourtin et de La Canau recoivent
les eaux d’environ 16 lieues supelles de la pte occidentale
du Médoc. Tout le terrein qui bordent les étangs
est presque de niveau et la pente qui va en
montant vers les terres est presque insensible.
Ensorte qu’un pied de hauteur d’eau deplus ou de
moins dans les dits étangs innonde ou decouvre
plusieurs milliers de journaux de terrein depuis
Le Porge jusqu’au village de Cartignan.
Les habitants du Porge ont établi dans leur marais
27 pescheries sur une longueur d’apeupres 4500 to
Chaque pescherie est composée d’une digue qui traverse
ce marais dans toute sa largeur. La 1ere de ces
digues a 450 to de longueur celle du milieu 390 to et
la dernière du coté de Leige 200 to. Le dessus de ces
differentes digues est a six pouces au dessus de
la surface des eaux ; leur hauteur est a raison de
la hauteur des dites eaux et varie suivant les
inegalités du fond qui se trouve dans les ptie les
plus basses, a 5 ou 6 to au dessous de ladte surface.
On pratique dans les digues des bayes ou passages
de 3 et quatre pieds de largeur dont le seuil est
entrenu à 6, 8, 10 et, 12 pouces au dessous de la
surface des eaux en sorte que le dessus de ce seuil
se trouve dans les bas fonds et dans les parties les
plus propres pour leur ecoulement à 4 ou 5 ds au dessus
du terrein naturel. On a soin de menager a chacun
de ces passages une chute d’eau perpendiculaire
de 2 pouces et demi. La 1ere de ces digues renferme
24 de ces ouvertures celle du milieu 28 et la
derniere 15 seulement. Lors que les eaux augmentent
ou diminuent, on augmente ou on diminue le nombre de ces passages
afin d’entretenir autant qu’il est possible le niveau
des eaux à la même hauteur j’ai trouvé 10 de ces
passages fermées dans la 1ere de ces digues et autant
propostionnellement dans chacune des autres, ce qui
prte un préjudice considerable aux possessions
riveraines. La plus grande partie des terres labourables,
des bois et des maisons, des vilages de Pey du Camin,
Cartignan, St Helene, Cap de Ville et de Talaris
sont abandonnées et continuellement inondée, par
l’effet de ces digues. D’après des remarques relativement
a letat actuel des eaux et a celuy ou elles etoient
precedemment et avant leur construction, on estime
qu’elles peuvent retenir les eaux a un pied
au dessus de ce quelles seroient si les passages
etoient ouverts et leur cours libre. La pente
au dessous pescheries est très considerable on en
peut juger facilement par la rapidité avec la
quelle les eaux se rendent dans le Bassin
d’Arcachon par les canaux de Leige. Leur pente
est egalement considerable dans toute letendue
du marais du porge de 4500 to de longueur ainsi
quil a été dit cy dessus, puisque les 27 digues
qui y sont etablies à 2 pouces ½ de chute perpendi-
culaire po chacune donneront une pente de 5 ds 7 pouces six
lignes sur cette longueur. Il est evident qu’en
faisant percer toutes ces digues sur une largeur
convenable dans les pties du dit marais qui se
trouvent les profondes, on procureroit lecoulement
des eaux superflues meme sans rien changer
a l’état actuel du fond de ce marais. On propose
en conséquence d’ouvrir au travers des ces pescheries
un canal de 48 to de largeur il ne sagit pour cela
que de netoyer le fond du marais et de percer les digues
sur cette largeur, d’en arracher et d’en enlever les
mathes formées par les roseaux et arbustes aquatiques
sans faire de fouille de terres. On estime la depense a
3 # par toise courante et pr les 4500 to cy dessus – – – – 13500 #
Ce 1er may 1778. Bremontier.