La baronnie et les barons d’Arès (3)

LA BARONNIE ET LES BARONS D’ARÈS Lire l’article précédent. PlanI – IntroductionII – Les origines à Biganos- Pierre Laville marchand à l’époque de la Renaissance. Notaire- Ses enfants : Gaillard, notaire et ses frèresIII – L’ascension aux privilèges et à la noblesse. Les fils de Gaillard- Pierre, marchand et financier- Marie Bordessoule, sa femme. Achat d’un office de contrôleur à la Cour des Aydes de Bordeaux- Marie Laville, leur fille, devient vicomtesse d’Argelouse.- Jean de Laville, à l’origine des Laville d’ArèsLe marchand. Son mariage à SoulacSieur de la maison noble de Gaillardon à BiganosSecrétaire à la Cour des Aydes de GuyenneAchat de la Baronnie d’Arès de la Dame d’OrnanoLe remariage de sa veuve. La famille s’éloigne du Pays.IV – La descendance de Jean de Laville1- Pierre, second Baron d’Arès et ses frères. Le boisement d’Arès.2 – Jean Baptiste, fils du précédent dit «Le Baron d’Arès» son mariagePremière liquidation du patrimoine ancestralLe « Petit Roi de Soulac »Commandant des Gardes-côtesTestament et succession3 – Élizabeth, fille de Jean Baptiste et François de Belcier son mariLeur mariageLa liquidation des biens de Biganos 1766/1768Les landes d’Arès et la transaction de 17594 – François de Belcier, dernier baron d’Arès5 – La Dame Louise Françoise Lemesle. Arès se transforme. Le retour des Belcier.2ème PARTIELes Laville, barons d’Arès (1657-1789)L’histoire de la baronnie d’Arès n’a jamais encore été écrite et le nom des « Laville d’Arès » a été bien rarement cité. Leurs origines, leur rôle, leur impor­tance, leur évolution sont restés inconnus. Pourtant, ils ont régné près d’un siècle et demi sur leur terre d’Arès et l’histoire de cette famille originaire de Biganos est aussi intéressante, aussi exemplaire que celle des Damanieu d’Audenge, des Garnung de Mios ou des Caupos de la Teste. Les évolutions de ces quatre familles du Pays de Buch au cours de la première moitié du XVIIe siècle sont tout à fait contempo­raines, comparables et parallèles. Ces familles sont issues du milieu des marchands de la Renaissance qui s’enrichirent dans le négoce des denrées et productions locales. Dans le captalat de Certes on vivait pauvrement ; les produits négociables étaient rares, peu de blé noir, peu de miel, peu de laine ; le pays était, grâce a ses immenses landes, un producteur de bestiaux. Les gens du captalat de la Tesfe vivaient mieux ; ils avaient la ressource de la pêche et surtout celle de la résine produite dans la forêt usagère. Dans ce pays pauvre et arriéré, les Laville, Caupos, Damanieu ou Garnung étaient riches et lettrés. Ces marchands ont évolué de la bourgeoisie marchande à la bourgeoisie de robe et enfin ils sont entrés dans le milieu de la magistrature bordelaise. Parfois même, lorsqu’ils avaient à la fois assez d’argent et de culture juridique, ils sont entrés directement dans la petite noblesse parlementaire en achetant des offices anoblissants. Toujours ils eurent en vue d’accéder aux privilèges fiscaux que leur conférait leur nouvel état. Le sentiment d’accéder à une classe sociale jouissant de plus de considération n’était sans doute pas étrangère à leurs motivations, mais ce genre de préoccupations s’affirmait surtout aux générations suivantes qui avaient oublié leurs origines paysannes.Ces évolutions professionnelles et sociales reposaient souvent sur une poli­tique d’alliances très précises. Le choix d’épouses bien dotées, filles uniques de pré­férence, issues des mêmes milieux parfois éloignés du Pays de Buch, était une ma­nière habituelle de développer le champ des relations d’affaires et l’importance des patrimoines.En même temps que s’étendait leur notoriété, leurs activités et leurs alliances, ces familles du Pays de Buch se détachèrent progressivement du lieu de leurs origi­nes. Les Amanieu de Ruat abandonnèrent Certes puis Audenge dont ils furent les barons, les Laville d’Arès disparurent de Biganos, mais les Caupos restèrent fidèles à la Teste et la grande maison que construisit Jean de Caupos et qui est devenue la mairie, en porte le témoignage.L’histoire des Laville fut moins brillante que celle des Amanieu de Ruat ou des Caupos. Ils n’occupèrent pas les grands offices de la magistrature, ils ne portè­rent pas la robe rouge et l’hermine des conseillers au Parlement. Ils limitèrent leurs ambitions à la Cour des Aydes, ce qui était suffisant pour les anoblir. Ils vécurent comme de petits hobereaux dans leurs seigneuries, leurs maisons nobles, rarement dans des châteaux ; rarement aussi ils eurent à Bordeaux leur résidence principale. Leur mode de vie fut celui de grands paysans ou de bourgeois aisés dotés de privi­lèges nobles. Ayant un mode de vie simple, des ambitions mondaines limitées à leurs moyens et à leur milieu, ils ne coururent pas le risque de la ruine comme les Caupos qui étaient ruinés au temps de Jean Marc au début du XVIIIe siècle ou les Ruat qui le furent à la veille de la Révolution. D’ailleurs les cas de faillites n’étaient pas exceptionnels dans la région ; la vieille et haute noblesse en donna quelques exemples éclatants, les ducs de Mayenne et de Nevers étaient ruinés lorsque leur terre de Certes fut saisie et vendue ; les Durfort de Duras, on l’a vu, étaient aus­si ruinés en 1600 lorsque Villandraut et Blanquefort furent vendus et le duc de Foix avait son captalat de Buch sous séquestre lorsqu’il en hérita du duc Bernard d’Épernon au milieu du XVIIe siècle.Les Laville ne connurent pas de tels déboires. Cependant leur ascension lente et prudente se termina tragiquement à Bordeaux sous la Terreur par l’exécution de François de Belcier baron d’Arès et autres places, fils de Izabeau de Laville, dernière descendance des Laville de Biganos.1LES ORIGINES À BIGANOSPIERRE LAVILLE NÉ VERS 1550-1607Le rôle des habitants du Pays de Buch qui en 1454 prêtèrent le serment de fidélité au Sire d’Albret désireux de faire valoir ses prétentions sur le captalat de Buch fait mention de plusieurs Laville : trois à Biganos, un à Gujan mais aucun à La Teste. Cent vingt ans plus tard, plusieurs Laville sont toujours présents à Biganos, d’autres sont notaires à La Teste et le resteront pendant plusieurs générations, peut-être sont-ils originaires de Biganos.Né vers 1550, Pierre Laville est un grand notable de Biganos. Il est marchand et lettré, le seul de la paroisse. Il achète des bestiaux dans la région et les revend par troupeaux entiers à Bordeaux plus particulièrement. L’importance de ces négocia­tions est telle que Laville qui manque d’argent liquide doit trouver le concours d’amis ou collègues dans les villages voisins. Ces amis sont en nombre très limité. Ce sont Simon Garnung à Mios, Pierre Damanieu à Certes, Jean Castaing « Le Broy » au Teich. Les engagements conclus par ces marchands sont habituellement enregistrés par Me Brun, notaire de Gujan, ou par un notaire bordelais s’il y a lieu. Très curieu­sement la descendance de ces marchands affirmera sa prépondérance et sa notoriété au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Alors on les désignera sous les noms de Garnung de Lalande, Garnung du Voisin, Amanieu de Ruat et Laville d’Arès.En 1594, Pierre Laville franchit la première étape de l’évolution de sa famille. Il achète un office de notaire royal qu’il exerce à Biganos sans jamais renoncer ce­pendant à ses lucratives opérations commerciales. Le captai de Certes fait appel à ses services et en 1598 il participe à l’importante reconnaissance des limites de la Seigneurie de Certes.2Pierre Laville était le grand propriétaire foncier de Biganos. Il possède des métairies à Vigneau, aux Argenteyres, à La Mothe, plusieurs bois tel celui de Testaudenge.Pierre Damanieu avait été nommé capitaine du Château de Certes en 1589. Il avait la confiance du duc de Mayenne. Pierre Damanieu et Pierre Laville s’associè­rent une nouvelle fois et réussirent un « coup mémorable » sur les Moulins d’Arnère et de Ponteau tous deux situés sur le rui
sseau de Lacanau. En 1594 le moulin d’Ar­nère avait été vendu3 par Pierre Baleste procureur d’office de Certes, à Jean de Castéja Sieur de Ruat et à Jean Castaing lui aussi du Teich. Pierre Damanieu et Pierre Laville décidèrent d’évincer ces nouveaux propriétaires. Damanieu utilisa son crédit auprès du duc de Mayenne, seigneur foncier de Biganos, représenta peut-être que Pierre Baleste était son gendre, et sollicita la mise en jeu du droit de prélation qui permettait au seigneur foncier de déposséder les nouveaux acquéreurs après leur avoir remboursé leur prix d’achat. Ils avancèrent donc l’argent au duc, le rachat eut lieu4, puis en seconde étape, le duc leur concéda en bail à fief ce moulin d’Arnère et aussi celui de Pontnau. Ces moulins devaient demeurer dans le patri­moine des Amanieu de Ruat jusqu’à la Révolution5.En 1597 Pierre Laville fit établir son testament6 par son collègue Brun de Gujan en présence de Me Jean Dusol, avocat, Juge de Certes, et de divers autres no­tables de Biganos. Il déclarait qu’il avait été marié deux fois. De Jeanne Mayran, sa première femme, il avait eu trois fils : Gaillard, l’aîné, François et Pierre et aussi une fille Bertrande déjà mariée à Me Jean de Baleste de La Teste. De sa seconde femme Peyronne Baleste, il avait trois jeunes fils tous prénommés Jean. Tous ces fils étaient ses héritiers généraux mais Pierre Laville donnait à Gaillard par préciput « son état et office de notaire ». Pour assister sa femme nommée « administratrice » de ses enfants, il désignait deux tuteurs Me Jean de Baleste, notaire, et Jean Mayran d’Argenteyres. Ce testament est très bref. Il ne fournit aucune précision sur la natu­re du patrimoine de Laville. Il rappelle cependant que la dot de Jeanne Mayran sa première femme, avait été constituée « en nombre de vaches anouilhs et abeilles » Il reconnaissait devoir une vache à sa sœur. Tout cela confirme que, à cette époque, les familles bourgeoises du Pays de Buch, qui sont surtout des familles paysannes, ont peu de trésorerie et règlent en nature les dots et autres avantages (Pierre Dama­nieu avait lui aussi doté sa fille en livrant un troupeau de bestiaux à son gendre Baleste le futur procureur d’office). Quant au reste des créances et obligations, Pierre Laville renvoyait à son livre de raison en confiant à son secrétaire le soin de respecter le contenu de ce livre de comptes. Enfin il donnait à sa femme une cham­bre de son logis et aussi une maison.Il est probable que Pierre Laville survécut et que ce testament du 26 juin 1597 ne fut pas le dernier. De plus, on ne trouve plus trace des frères François et Pierre. En 1607, Me Pierre Laville avait disparu. Cette année là, Pierre Damanieu et Peyronne Baleste obtenaient du duc et de la duchesse de Mayenne la réduction de la rente foncière seigneuriale qui pesait sur le moulin d’Arnère.Pierre Laville avait épousé une Baleste ; ses enfants Bertrande, Gaillard et Jeantet épousèrent aussi des Baleste. Il n’y a pas de meilleur exemple de la prépon­dérance et de l’influence régionale des Baleste de La Teste qui en quelques années mirent la main sur les fiefs de Tagon, Andernos et Lacanau7.LES ENFANTS DE PIERRE LAVILLEGAILLARD ET SES FRÈRESTrès rares sont les minutes notariales qui permettent de découvrir la personna­lité de Gaillard Laville. De cette première moitié du XVIIe siècle, il ne subsiste en effet à peu près rien. Des actes tardifs de la seconde moitié du siècle permettent par contre, mais dans des conditions difficiles et à partir de textes fragmentaires, d’établir un essai de généalogie de la famille Laville. On trouvera ci-dessus le tableau de cette généalogie.Après le décès de Pierre Laville, le partage de son patrimoine eut lieu. Gaillard eut la maison du bourg qui, un jour, allait devenir la maison noble de Gaillardon. Son frère Petit Jean se fixa aussi au bourg, mais les deux autres se fixèrent aux Argentières où les fermes et métairies leur furent partagées. Ils restèrent fidèles à ce lieu d’Argentières où les Laville sont encore présents au début de ce XXe siècle.Conformément à un usage bien établi, Gaillard Laville s’initia à la pratique du droit dans la fonction de greffier de Certes (1596). Malgré les dispositions con­tenues dans le testament de son père de 1597, il ne fut pas le successeur de Pierre Laville. Il acheta lui-même un office de notaire en 1607 et le conserva jusqu’à son décès. Mais il apparaît par divers actes signés à Bordeaux que Gaillard Laville, comme son père, était en fait un grand négociant en bestiaux. Sa fortune était importante. Dans son testament, il rappelait qu’il avait donné 30 000 livres à son fils aîné lors de son mariage. Il donna la même somme au cadet. C’était le testament d’un milliardaire (en centimes de notre époque)8.Avec de tels héritages – pas nécessairement en argent liquide d’ailleurs – ses fils Pierre et Jean pouvaient s’offrir des offices judiciaires anoblissants ou acquérir des fiefs ou domaines seigneuriaux. En effet, Andernos avait été vendu 7 500 livres et Lacanau 15 000 livres. De fait, Jean acheta Arès et un office judiciaire. Le fils de Pierre s’anoblit de la même manière. Ainsi, grâce aux activités marchandes des notaires Pierre et Gaillard Laville, cette très vieille famille de Biganos changea de condition sociale et devint noble.L’office de notaire des Laville, dont il ne reste d’ailleurs aucune minute, ne fut pas conservé dans la famille. Il fut vendu aux Garnung de Mios.L’ACCESSION AUX PRIVILÈGESLA NOBLESSE À TOUS PRIXLES FILS DE GAILLARD LAVILLEPierre et Jean Laville, les deux fils du notaire, se consacrèrent donc au négoce. Ils poursuivirent en association les mêmes activités que leur père et grand-père. Ils firent aussi le métier de banquier ou financier. Ce furent aussi de grands adminis­trateurs qui prirent en charge la gestion des grands domaines seigneuriaux de la région.Ainsi, en 1640, « Haute et Puissante Dame Claude Dessault de Tavane, Com­tesse de Barrault et autres places et comme ayant charge de Haut et Puissant Sei­gneur Messire Antoine Jaubert de Barrault, chevalier, conseiller du Roy en ses Conseils d’État et privé, captai de Certes en Buch » consentit un bail à ferme en faveur de Jean et Pierre Laville, marchands de Biganos, des revenus de la terre et captalat de Certes consistant en rentes, lots et ventes, prés doux et salés pour 1 300 livres.En 1646, la dame de Certes renouvelait et étendait ce bail en faveur des frères Laville aux rentes, lots et ventes, guet, herbages, glandages, péages et passa­ges, tuileries, moulins, greffe, prés doux et salés. Ainsi les frères Laville adminis­trèrent la totalité des immenses territoires de Certes9.Ces personnages en qui la Dame de Certes plaçait toute sa confiance déve­loppèrent leurs activités et opérations au delà du Pays de Buch, jusqu’en Médoc, en Pays de Born, dans les Landes. Nous en avons un témoignage par la nature et l’importance des créances laissées par Pierre Laville à son décès. Marie Bordessoule, sa veuve, cédait en effet le 7 mars 1659 à son gendre 1 500 livres de créances datées de 1640 sur un groupe de notables du Pays de Born : Lalesque, Bertrand de Nasseys procureur royal, Jean Molle escuyer, Jean Dufaure et bien d’autres. Elle cédait aussi une créance de 765 livres sur Michel de Lespes, Procureur d’Office de Labouheyre, datée de 164610. Ainsi, Pierre Laville était-il financier et son crédit s’éten­dait à toute la région.Ces relations d’affaires peuvent expliquer sans nul doute les alliances établies par les enfants de Gaillard non seulement à La Teste comme par le passé, mais dans les Landes à Mano, à Argelouse et dans le Médoc11.PIERRE LAVILLE, FILS AÎNÉ DE GAILLARDMarchand et financier, Pierre Laville était par plusieurs textes qualifié « Me Pierre de Laville » ; un tel titre suppose une formation et surtout quelque activité de nature juridique, ce qui était normal pour un fils de notaire. Mais il ne fut pas notaire. Marie Bordessoule veuv
e vendit l’office de Gaillard. Très vraisemblablement Pierre Laville était-il « praticien » ou « procureur postulant » ou peut-être même greffier, toutes activités compatibles avec celles de marchand.Pierre Laville s’était indirectement intéressé à la seigneurie d’Andernos12. L’intervention de ce bourgeois avait sans doute des motivations financières ; la possibilité de déposséder la famille de Pierre Baleste de son fief d’Andernos était séduisante mais cette intervention lui était imposée par des obligations familiales. On rappelle que le 19 avril 1639, tous les notables de La Teste s’étaient solidaire­ment endettés de 1 600 livres pour couvrir les frais d’hébergement des troupes et gens de guerre. Leur créancier, la Dame de Mullet, avait hypothéqué tous leurs biens et plus particulièrement la seigneurie d’Andernos. Pour récupérer ses fonds, elle crut très habile en 1643 de faire emprisonner Me Gérard Baleste, notaire de La Teste, Pierre Laville, le financier, intervint alors « afin de tirer de prison son cou­sin Me Gérard Baleste ». Le 18 juillet, il désintéressa la dame de Mullet qui le su­brogea dans ses créances et hypothèques. Baleste recouvra la liberté. Cependant, le mécanisme financier envisagé par Pierre Laville fut bloqué et le juge Pierre Ba­leste et ses enfants conservèrent la seigneurie d’Andernos.Ainsi Pierre Laville mourut sans avoir pu acquérir une importante seigneurie, sans avoir eu accès aux privilèges de la nouvelle noblesse parlementaire. Ce fut l’œuvre de son épouse, de son frère, de ses enfants.MARIE BORDESSOULEL’épouse de Pierre Laville était originaire de Mano. Elle appartenait, comme les Laville, à ce milieu des bourgeois lettrés qui détenaient les principaux offices des juridictions locales13 – 14. Bien que lettrée, elle aussi, la « Demoiselle Bordessoule » ne fut pas en mesure d’assurer la succession des activités de son mari qui mourut prématurément vers 1653/1654. Elle confia la gestion de ses biens à son parent Jean Laville dit Latou et trouva auprès de son beau-frère Jean les con­seils utiles à l’orientation de son fils François.Dès 1654/1655, Jean Laville devenait « Secrétaire du Roi à la Cour des Aydes ». Le 3 août 1657, Jean de Lapillanne, qui était à la fois beau-frère et oncle de Jean Laville, achetait lui aussi un tel office de « Notaire Conseiller Secrétaire du Roi » en cette Cour. Marie Bordessoule avait sans doute des ambitions semblables pour son fils ; elle n’en avait pas les moyens et cependant de tels offices étaient beaucoup moins chers que ceux du Parlement qui eux coûtaient des fortunes. Ma­rie Bordessoule s’adressa à un spécialiste de la vente des offices, un certain Me Jean Morier, procureur de Guyenne, qui trouva pour le jeune François Laville un office de « Contrôleur héréditaire des inventaires de productions faites en la Cour des Aydes » ! L’office valait 3 200 livres mais fallait-il encore « verser 2 800 li­vres dans les coffres du Roi ». Me Morier négocia aussi un emprunt pour cette ac­quisition et la dame Laville prit soin de préciser dans les instructions remises à son mandataire qu’il aurait la charge d’obtenir les provisions du dit office et obtenir l’arrêt de réception portant le tout exemption des tailles et que le dit office soit héréditaire15. En novembre 1658, François Laville accédait à son tour à la noblesse de robe. Il décéda prématurément vers 1662/1663, deux ans après sa mère. L’office fut revendu16.En 1658, Marie Bordessoule avait aussi marié sa fille Marie à un jeune noble d’origine landaise. Ainsi, en quelques années à peine, tous les descendants de Gail­lard Laville, outre son gendre Lapillanne, avaient individuellement accédé à la no­blesse de robe. Le cas est exceptionnel sinon unique.MARIE LAVILLE, VICOMTESSE D’ARGELOUSECharles de Junca, d’origine landaise, épousa Marie Laville en 165817. Les motivations financières et fiscales qui avaient poussé les Laville vers la Cour des Aydes ne furent pas étrangères non plus au choix que fit Marie Bordessoule d’un gendre jouissant des privilèges de la noblesse. Au lendemain de ce mariage, elle se présentait au greffe des Aydes à Bordeaux et déclarait le mariage de sa fille avec « Noble Charles de Junca ». Elle demandait l’exonération des tailles de la paroisse de Biganos. La démarche était sans doute légitime mais si imprévue de la part d’une belle-mère que le greffier se trompa et enregistra le mariage de Marie Bordessoule elle-même et de Charles de Junca …18.Marie Laville mit au monde un garçon, Pierre. Elle était veuve quelques mois plus tard. Héritière maintenant de sa mère, de son frère, elle possédait la moitié de la fortune de Gaillard de Laville. Elle ne pouvait que poursuivre son ascension sociale. En 1662, elle épousait Henri Leblanc de Labatut et devenait alors vicom­tesse d’Argelouse, nom qui fut désormais le sien. Son contrat de mariage contenait une clause totalement inhabituelle. Elle déshéritait pratiquement son fils en recon­naissant à l’aîné des enfants à naître de ce second mariage au préciput de 20 000 livres. C’était là sans doute le prix du titre de vicomtesse. Cette disposition fut à l’origine d’un inéluctable procès entre les enfants de Marie Laville.Peu de temps après son mariage, le vicomte d’Argelouse vendait l’office de son jeune beau-frère. La famille quitta Biganos pour Mont-de-Marsan.Marie Laville avait eu le moulin de Tagon dans son héritage. Or, les redevances seigneuriales dues au seigneur du lieu, à savoir Pierre Damanieu de Ruat, n’avaient pas été payée depuis longtemps. En 1675, Damanieu saisit le moulin19 et d’in­terminables difficultés commencèrent. De 1694 à 1704, les frères et sœurs Junca-Leblanc furent en procès contre Jean Baptiste Amanieu de Ruat. Lassés par de telles péripéties, ils vendirent le Moulin en 1702 à Pierre Joseph, chirurgien de Biganos20.Marie Laville mourait dans sa maison de Mano le 19 février 1692. Ses enfants étaient des Landais ; ils n’avaient plus de réelles attaches en Pays de Buch. Ils liqui­dèrent toutes les autres propriétés familiales et disparurent de Biganos.JEAN DE LAVILLENé vers 1610, Jean Laville, fils cadet du notaire Gaillard, est à l’origine des Laville d’Arès. Son évolution sociale fut tardive, mais brusque et extraordinairement rapide.- En 1654, Jean de Laville est sieur de la Maison noble de Gaillardon à Biganos,- En 1655, il est conseiller secrétaire du Roi à la Cour des Aydes,- En 1657, il devient baron d’Arès,Cette ascension est postérieure au décès de Pierre Laville, comme si le frère cadet s’était émancipé ; elle est postérieure aussi à son mariage (1649). Peut-être trouva-t-il dans sa nouvelle famille les motivations, les aspirations sinon les moyens matériels de cette ascension.Les relations d’affaires, les liens personnels et familiaux des Laville avec le pays de Soulac étaient anciens ; elles remontaient à Gaillard. L’état civil témoi­gne que vers 1630/1635, Françoise et Jeanne Laville sont des habitantes de Sou­lac. La seconde est l’épouse de Jean Lapillanne, le grand personnage de la paroisse, important marchand et propriétaire de Soulac issu d’une ancienne famille de la bourgeoisie de robe (notaires, juges, procureurs …). Jean de Lapillanne a élevé sa nièce Jeanne dont il est le tuteur. Jeanne de Lapillanne a perdu en effet son père lorsqu’elle avait trois ans et sa mère depuis quelques années. Elle a 20 ans ; elle est riche. Elle possède terres, maisons, moulins et salines. En 1649, Jean de Laville, malgré ses 40 ans, épouse la jeune Jeanne Lapillanne21. Ils auront huit enfants22.Jean de Laville s’installe dès son mariage à Soulac ; il y vivra et y décédera le 27 septembre 1665 et sera inhumé dans la chapelle des Lapillanne dans l’église de Soulac.LA MAISON NOBLE DE GAILLARDONJusqu’à la fin du XVIe siècle, il n’y avait pas de maison noble sur la côte est du Bassin d’Arcachon. Les familles les plus évoluées ne pouvaient prétendre à une notoriété, une fortune, un crédit suffisant aupr
ès du seigneur foncier pour obtenir le privilège qui s’attachait à la possession d’une maison noble. Le duc de Mayenne avait anobli la maison des Damanieu à Certes (La Ruscade). Le Marquis de Civrac accorda ce privilège aux Laville. Le titre de Maison noble de Gaillardon apparaît en 1654. Il rappelle le nom de Gaillard Laville et fut porté la première fois par Jean de Laville. Il demeure dans le patrimoine familial en 1731 (mariage d’Élizabeth) et encore en 174823. Puis il disparaît. Or, dans son ouvrage « Les châteaux historiques » qui contient le meilleur parfois, et le pire souvent, Guillon parle en 1866 de la grande maison à premier étage située à Biganos en face de l’é­glise. Il l’appelle maison noble des Larauza. Sans doute s’agit-il au siècle dernier d’une survivance du nom et de la localisation de la maison noble de Gaillardon.CONSEILLER SECRÉTAIRE DU ROI À LA COUR DES AYDESAvec l’anoblissement de la maison de famille à Biganos, les ambitions des Laville s’étaient déclarées. Avec l’achat d’un office de conseiller secrétaire à la Cour des Aydes, elles s’affirmèrent et s’officialisèrent. L’achat de cet office eut lieu vers Janvier 1655 sans qu’il soit possible d’en préciser la date et les conditions. Deux ans plus tard exactement, Jean de Lapillanne entrait à son tour à la Cour des Aydes. Il devenait aussi « Sieur de la Maison noble de Litham » près de Soulac.L’ACHAT DE LA BARONNIE D’ARÈS ET SES DIFFICULTÉSOn a vu comment la marquise de Sainte Croix d’Ornano, en son nom et au nom de ses enfants, fut amenée à vendre la baronnie d’Arès en 165724 pour un prix de 13 000 livres. Le mois précédent la vente, elle avait emprunté 1 400 livres et hypothéqué ses biens. Elle ne remboursa pas son créancier Jean Berchon qui saisit Arès et entreprit la procédure de la vente judiciaire. Jean Laville n’eut d’autre solution que de désintéresser Jean Berchon en soldant la créance25.Or, dans le mois qui suivit le décès de Jean de Laville, à l’automne 1665, les enfants d’Ornano devenus majeurs se livrèrent à un « chantage » sur Jeanne Lapillanne. Ils contestèrent la validité de la vente de 1657. Jacques Théodore d’Ornano, marquis de Ste Croix et sa sœur, marquise de Lagarde, représentèrent qu’il y avait lieu de régulariser la vente d’Arès, que d’ailleurs « cette vente avait été faite à vil prix » et qu’ils étaient disposés à obtenir l’annulation du contrat et à restituer le prix d’achat. Leur mère confirmait la vente. Le 3 février26 suivant, les d’Oma­no d’une part et Jeanne Lapillanne d’autre part ratifiaient la vente d’Arès. Cepen­dant, par acte séparé, Jeanne Lapillane se reconnaissait débitrice de 2 000 livres qu’elle régla peu après. En conclusion, le prix d’achat d’Arès passait de 13 000 à 15 000 livres. C’était le prix de Lacanau. Il était raisonnable. Arès entra définiti­vement dans le patrimoine des Laville de Biganos, devenus dès lors les « Laville d’Arès ».LE REMARIAGE DE JEANNE LAPILLANNENOUVELLE MIGRATION DE LA FAMILLEDepuis leur entrée à la Cour des Aydes, les Laville et Lapillanne appartenaient désormais à un nouveau milieu social. Toutefois, ils ne quittèrent pas Soulac ; il est douteux qu’ils aient habité Bordeaux et exercé vraiment les fonctions de secrétaire. On achetait un titre. La profession importait peu. Cependant, c’est dans ce milieu de la petite noblesse de robe que Jeanne Lapillanne allait se remarier. Le 24 mars 1667, soit quelques mois après le décès de son mari, elle épousait Marc Antoine Gontier, greffier en chef de la Cour des Aydes. De cette union sont issus Thérèse et Jean Gonthier né à Bordeaux le 12 janvier 1672.Les Gonthier et leur dizaine d’enfants devenaient des Bordelais. Cependant, Marc Antoine comme les Laville venait lui aussi de sa campagne, et plus précisé­ment du Libournais. On trouve en effet un Raimond Gontier greffier en chef de la Cour des Aydes à St-Émilion où il décède en 1697. Marc Antoine vit aussi à Génissac. Il y décède en 1703, âgé de 64 ans, bien après sa femme déjà disparue le 22 mai 1684.Ainsi, s’éloignant de plus en plus du Pays de Buch et de Soulac, la descendan­ce des Laville allait à la suite de nombreux autres mariages en Entre-Deux-Mers se fixer bien loin du pauvre pays de ses origines et un jour le quitta sans retour.Pierre LABATLire la suite.1. Voir bulletin N° 6 de la SHAA (1975) – article de Jean Dumas2. Bulletin N° 41 de 19843. ADG 2E 37 – « Amanieu de Ruat ». Contrat du not. Subiète vente du 28 mars 15944. ADG 3E 9762 – Pascal not. du 23 juillet 1598 p. 304/3065. ADG not. Chalu non côté vente du 16 juin 1785 à Pierre et Jean Duman. Au début du 18ème siècle, J.B. Laville avait vendu sa moitié du moulin de Pontnau à J.B. Damanieu6. ADG 3E 2486 Testament du 26 juin 15977. SHAA – Bulletin 39 « Les Baleste d’Andernos »8. ADG 3 E 22 609 – épaves d’archives du notaire Baleste de La Teste Testament de Gaillard Laville.9. A.N.Q I 287 – le premier acte est du 11 juin 1640, le second du 4 septembre 164610. ADG 3 E 4326 not Deshellies11. voir annexe généalogique12. voir bulletin N° 39 du 1er trimestre 198413. En 1636, Bertrand Bordessoule est Juge de Mano (selon l’état civil)14. En 1643, Pierre Bordessoule est aussi juge (ADG Notaire Laffite de Bordeaux)15. ADG 3E 4325 1658 not Deshellies p. 1358-1362. Trois contrats : Procuration du 12 novembre pour Jean Morier – Acte d’emprunt à Me Jean Gombaud, Magistrat Présidial 3 200 livres – Achat de l’office à M. Garisse conseiller aux Aydes16. ADG 3E 4764 – Douteau not. vente du 12 décembre 166317. Le sac à procès 4098 des ADG concernant Junca fournit de nombreuses précisions sur la famille. Le premier mariage de Marie Laville est du 23 décembre 1658 ; le second du 10 septembre 166218. ADG 2 B 17 – Cour des Aydes, p. 146N.B. Selon le notaire Dufourc de Biganos, Marie Laville est aussi propriétaire de Mounays à Biganos en 1657 et elle est encore « mineure en bas âge ».19. ADG – not. Despagne et sac à procès 4216.20. Le Moulin de Tagon était de très ancienne origine (baillette du 20 août 1427 par Jean de Lafitte)21. Le contrat de février 1649 établi par Audoy est perdu22. Voir annexes II et III23. ADG – Lymeric not. 22 février 174824. L’acte a été établi le 13 juin 1657 par Durand (?) dont les minutes ne se trouvent pas à Bordeaux25. ADG 3E 6587 – acte Giron not. p. 54 – du 16 février 165426. ADG 3E 15.267 – acte Belso du 3.2.1666 ANNEXE GÉNÉALOGIQUE IORIGINE DES LAVILLE À BIGANOS – XVIe et XVIIe sièclesPierre LAVILLE, marchand, notaire en 1594, né vers 1545/1550 – décédé vers 1606/1607Premier mariage X Jeanne Mayran1 – Gaillard, né vers 1575 – + 1641, notaire2 – Bertrande X Me Jean de Baleste, notaire de La Teste3 – Pierre, + après 15974 – François, + après 1597 – (dates de décès inconnues, descendance improbable)Gaillard X Francine de Baleste de La Teste – ont eu quatre enfants1 – Jeanne, née 1607 X Jean de Lapillanne, marchand de Soulac2 – Françoise X Jean de Peyjehan de La Teste3 – Pierre né vers 1610 +1653/1654 – marchand de Biganos X Marie Bordessoule de Mano + 1660/1661 (test du 25 novembre 1658)- François « Contrôleur à la Cour des Aydes » en 1658 +1662- Marie +29.2.1692X 1658 Charles de Junca d’où Pierre Junca et descendanceX 1662 Henri le Blanc vicomte d’Argelouse d’où Marie et Henriette4 – Jean, né vers 1612 + 29 septembre 1665 à Soulac (55 ans) ?X Jeanne de Lapillande, nièce du précédent en 1649 secrétaire du Roi à la cour des Aydes BARON D’ARÈSSecond mariage X Peyronne de Baleste, de La Teste1 – Jean dit Jeantet X Jeanne Baleste de La Teste (cf. partage du 24 janvier 1655)- Jean dit Lou Hil X 1649 à Jeanne Dignan d’où- Mathieu X Jeanne Cazaux le 5 janvier 1700- Gérôme- François- Jeanne X Jean Montaney de La Teste 1666- Jean dit Lanine + 1657 sans descendance- Marie X P. Soustra le 20 novembre 1656 (nièce de Me Jean de Laville)2 – Jean dit Petit Jean, praticien, marchand X Marguerite Dufourc- Jean- François fixé aussi à Salles + 8 mars 1715 – 76 ans – Sergent royal- Antoine X 8 décembre 1660 Jeanne Bosmaurin de Bigan
os3 – Jean dit Latou X Marie FronsacN.B. Antoine eut plusieurs enfants dont Marie Laville qui épousa Pierre Dumora de Salles. De ce couple très fortuné sont issus les Dumora de Biganos et La Teste et plus loin la famille Broustet de Bordeaux notamment.ANNEXE 2JEAN DE LAVILLE ET SA FAMILLE- Il est né vers 1612 à Biganos- Marié à Jeanne Lapillanne de Soulac, selon contrat de mariage de février 1649. Not. Audoy en Médoc. Acte perdu- Décédé à Soulac le 29 septembre 1665- Testament du 25 septembre 1665. Bernard not. à Vertheuil. Acte perduLES ENFANTS DE JEAN DE LAVILLEIl avait huit enfants vivants lors de son décès, dont un posthume.Trois garçons et deux filles atteignirent l’âge adulte.Seul, Pierre, fils aîné, survécut et eut une descendance.1 – Pierre, né vers 1650, baron d’ArèsX Suzanne Choslet selon contrat du 5 septembre 1669. Douteau not. perduÉmancipé par le roi le 16 septembre 1669+ le 8 octobre 1693 à Bordeaux. Inhumé à Ste Eulalie le 9+ le 6 mai 1697 à St Éloi Suzanne Choslet. Inhumée Ste Eulalie2 – Jean, né le 4 novembre 1654 à Soulac. Sgr du TempleX Peyronne Cournut le 18 novembre 1681 à Puy Paulin+ le 16 février 1682 à Puy PaulinTestament Giron not. du 17 janvier 1682 en faveur de son frère.3 – Pétronille, née à Soulac le 18 mai 1656Religieuse de Ste Ursule de St-Émilion.4 – Marguerite, née à Soulac le 12 septembre 16575 – Louise6 – Jeanne ou Catherine, religieuse à Ste Ursule de St-Émilion7 – Michel, né le 29 novembre 1664 à Soulac8 – Jean, né fin 1665/début 1666, dit «Baleyrac»Décédé chez son frère PierreTestament du 25 février 1686 – Bouyé not. Son frère est son héritier.ANNEXE 3LES LAPILLANNE DE SOULAC AU DÉBUT DU XVIIe SIÈCLE- Pierre Lapillane – Notaire, procureur d’office de SoulacSecond mari de Catherine Manaud, relicte de Arnaud Bounnon. Veuve dePierre Lapillanne, elle établit son testament le 3 mai 1606 (Berthet not. de Bord.)- Arnaud Lapillane – Sa mère lui avait acheté le greffe de la Justice, « du fils de M. Matignon, Sei­gneur de Lesparre ».Le 7 mars 1598 épouse selon contrat de Bougeaud not. – Grille Batailli. fille de Georges Batailli, Juge de Soulac. Procureur de Les­parre selon le testament d’Arnaud Lapillanne de 1626 (insinué au Parlement) ils eurent 5 enfants : Jean, autre Jean, Catherine, Marguerite, Marianne.- Jean Lapillane aîné. Marchand de Soulac, devenu Sieur de Litham épouse Jeanne Laville vers 1630. Ds eurent quatre filles. Anobli par l’achat de l’office de conseiller secrétaire de la Cour des Aydes de Pierre Loiseau, le 24 janvier 1657 (enregistré le 3 août 1657 – 2 B 17 p. 104 – voir 2 E 1723 toutes les pièces concernant cet achat, ainsi que de nombreux do­cuments concernant la famille) Jeanne Laville est décédée le 6 septembre 1667 âgée de 60 ans, son mari en 1669.- Jean Lapilanne cadet. Épouse Peyronne Dumeynieu selon contrat du 20 mars 1627. Une seule fille Jeanne. Décédé prématurément en 1630. Sa veuve se remarie à Pierre Troussignac et établit son testament le 4 septembre 1647 en faveur de sa fille Jeanne. (ADG 4 J 496 Audoy not.)- Jeanne Lapilanne. Fille unique des précédents. Elevée par sa mère et son oncle, son tuteur. Épouse Jean Laville en 1649. Extrait du Bulletin n° 46 du 4ème trimestre 1985 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.

La baronnie et les barons d’Arès (4)

LA BARONNIE ET LES BARONS D’ARÈS(3ème partie) Lire l’article précédent.LA DESCENDANCE DE JEAN DE LAVILLE PIERRE, SECOND BARON D’ARÈSBeaucoup moins important que son père, beaucoup moins pitto­resque que son fils Jean Baptiste, Pierre Laville second « Baron d’Arès » de la famille est un de ces personnages dépourvu de toute notoriété. Les grandes collections de textes auxquelles les chercheurs se réfèrent en premier lieu (séries ecclésiastiques, celles de l’Intendance ou Archives historiques) ignorent son nom, comme celui de son père, d’ailleurs… Les minutes notariales sont les seules sources où nous avons puisé à fin de sortir de l’oubli ces premiers « barons d’Arès » ; avec toutes les insuffisances et risques d’erreurs d’interprétation que cela comporte.Malgré la pauvreté des références, un fait est cependant certain : l’irrésistible ascension sociale des Laville vers les privilèges de la noblesse s’arrêta. Pierre Laville n’accéda à aucun des hauts postes de la magis­trature comme ce fut le cas pour les Damanieu ou les Caupos. Il ne poursuivit même pas la carrière commencée par son père à la Cour des Aydes et cependant, ce second baron d’Arès, décédé dans sa quaran­tième année laissa une œuvre durable dans sa baronnie. Il fut un pion­nier et nous allons le souligner.PIERRE LAVILLE ET SES FRÈRESJean de Laville avait eu huit enfants dont trois garçons qui arri­vèrent à l’âge adulte et deux filles religieuses cloîtrées à St-Émilion. À la suite du partage de son patrimoine, Pierre l’aîné de ses enfants, né vers 1650 – devint baron d’Arès ; Jean né à Soulac en 1654 devint Seigneur du Temple27, et Jean le posthume celui de Baleyrac28. Selon l’usage de l’époque que l’on retrouve dans les familles Damanieu et Caupos, les trois fils portèrent les noms de ces terres. Les deux plus jeunes moururent âgés de vingt à trente ans. Le premier, Jean, en 1682, au lendemain de son mariage, le second en 1686. Décédés sans postéri­té, ils désignèrent leur frère aîné pour leur héritier. Pierre Laville recons­titua ainsi le patrimoine familial démembré durant quelques années.ÉMANCIPATION ET MARIAGELes frères Laville ne supportèrent qu’un temps la tutelle de Marc Antoine Gontier. Des tensions apparurent, se développèrent, aboutirent à des procès, à la rupture. Âgé de 19 ans seulement Pierre Laville se maria ; le roi allait consacrer cette émancipation. Les trois frères quittèrent le domicile familial.Ils étaient devenus, depuis leur installation à Bordeaux, des mem­bres de la petite aristocratie de robe, celle qui détenait déjà des privi­lèges nobles en attente, souvent, de pouvoir accéder aux dignités pres­tigieuses du Parlement. C’est dans ce milieu homogène, bien défini, que Pierre Laville se maria. Par contrat du 5 septembre 166929, il épou­sait une demoiselle Suzanne Choslet, fille unique de Me Jean Choslet « Magistrat Présidial de Guyenne », curieux personnage, d’ailleurs, tant marchand que magistrat.Ce même mois de septembre, le roi accordait à Pierre Laville la faveur d’une « dispense d’âge ». Son émancipation était complète.30Cependant, dans la gestion de son patrimoine, Pierre Laville ne pouvait se dispenser de la présence d’un curateur et il ne voulait plus de M.A. Gontier. Il obtint du Sénéchal de Libourne que cette cura­telle fût exercée par Me Choslet son beau père. Les Gontier ressenti­rent cette décision comme un défi. Ils entreprirent de la faire annuler. Pierre Laville plaida contre sa mère et Gontier. La procédure se pour­suivi jusqu’au Grand Conseil du Roi. Me Jean Choslet plaida à Paris ce procès qui le concernait autant que son gendre. Il le gagna. Les Gontier furent condamnés au paiement des frais qui s’élevaient à la somme énorme de 1 000 livres. La rupture était définitive.31Jeanne Lapillanne étant décédée en 1684, Marc Antoine Gontier pour ses enfants d’une part, Pierre Laville d’autre part réglèrent la suc­cession ; des accords signés en 1687 et 1689.32 Pierre Laville conser­va la plus large part du patrimoine des Lapillanne à Soulac : maisons, moulins et salines que la famille continua d’exploiter pendant deux générations encore. LA GESTION DU PATRIMOINEContrairement à toute logique, Pierre Laville ne prit pas la voie qui fut celle de son père, de Gontier ou de son beau père. Il ne fut pas magistrat ; il se consacra à l’exploitation de ses terres et cela suffit à ses ambitions et possibilités. Son patrimoine était maintenant dispersé dans la province : à Biganos, à Soulac, à Arès. Il s’était agrandi de la succession de Jean Choslet : une maison à Bordeaux – d’ailleurs immé­diatement louée – et surtout des terres à Créon et Grésillac où se trou­vait la maison de famille qui devint la résidence principale des Laville.Vers les années 1690, Pierre Laville accepta de devenir le syndic des habitants de la paroisse de Biganos. La population du village était alors en difficultés avec son curé l’abbé Pierre Audat, docteur en théo­logie et vicaire de Biganos qui réclamait la construction d’un presby­tère. Personne ne parut mieux qualifié que Pierre Laville, le grand propriétaire du lieu, bien introduit dans les milieux de la magistrature, réputé comme un bon procédurier, pour s’opposer aux exigences ruineuses du curé. Contrairement à toute attente, le sénéchal de Guyenne condamnait le 11 juillet 1692, Pierre Laville, es qualité de syndic, à construire un nouveau presbytère. Cependant, le curé n’eut pas son presbytère. Pierre Laville mourait quelque mois plus tard ; l’abbé Audat attendit longtemps encore « sa maison convenable au bourg » et en 1699 il réclamait toujours auprès de Pierre Joseph, chirur­gien et nouveau syndic, l’exécution du jugement qu’il avait obtenu, (not. Barberon de Gujan).UN PIONNIER DE LA SYLVICULTURE À ARÈSOn sait les échecs subis par les grandes compagnies agricoles qui furent créées vers 1760 pour mettre en valeur les landes de notre ré­gion. On sait moins que ces échecs ne furent pas complets. De très importants boisements furent entrepris et réussis. Le marquis de Civrac fit boiser son domaine de Berganton (1760/1764) puis de vastes landes à Mios et Biganos qui couvraient plusieurs centaines d’hectares. Nézer lui aussi, malgré son échec final, boisa près d’un millier d’hectares de pignada à Gujan. Bien avant cette époque, celle des physiocrates, Pierre Laville fit œuvre de précurseur.Il fit « semer en pins », dans sa baronnie d’Arès, de vastes landes réservées jusque là aux pâturages. Ces landes, proches du bois d’Arpech, longeaient le ruisseau du Cirès en limite d’Andernos. Cette nouvelle pignada fut un peu plus tard concédée par Jean Baptiste Laville aux habitants d’Arès leur permettant de prendre le bois néces­saire à leurs besoins. Dans son testament de 1724, Jean Baptiste Laville rappelait que ce pignada avait été planté par son père. Il exprimait aussi le désir que les habitants fussent indemnisés de 1 000 livres pour le préjudice subi par la disparition des pacages dans cette partie de Lan­des. Ce boisement de plusieurs centaines d’hectares au XVIIe siècle est tout à fait exceptionnel. Il fut l’œuvre d’un pionnier.La carte de Belleyme établie à la fin du XVIIIe siècle montre de façon très explicite les emplacements et étendues de ces forêts créées par Laville, Civrac et Nézer.Pierre Laville disparut prématurément lui aussi. « Le dit an 1693 et le mercredi 9 octobre a été inhumé dans l’église Saint Seurin de Bordeaux Messire Pierre de Laville baron d’Arès, décédé le jour précé­dent ayant reçu les sacrements, âgé d’environ 40 ans ».Sa veuve lui survécut jusqu’au 6 mai 1698.Il n’eut qu’un seul enfant, son fils Jean-Baptiste Laville.JEAN-BAPTISTE DE LAVILLE, « LE BARON D’ARÈS »« Messire Jean-Baptiste de Laville, escuyer, Seigneur baron d’Arès » fut connu en son temps sous le nom plus simple de « Le baron d’Arès » et cela aussi bien dans la société de l’époque que dans les actes offic
iels ou ordonnances royales. Il fut le troisième Laville, seigneur d’Arès et après lui la baronnie passa à sa fille Élizabeth puis à son petit fils François de Belcier.« Le baron d’Arès » eut sa notoriété et sa place dans la petite aristocratie de la province. Ayant vécu jusqu’à sa quatre vingtième année, il acquit cette notoriété en raison de la place qu’il continuait à tenir à Soulac où il faisait figure de « Petit Roi » et des fonctions mili­taires qu’il occupa de longues années à la tête des milices gardes-côtes de Buch et de Born, en raison enfin des heureuses et flatteuses alliances de ses filles.Jean-Baptiste de Laville est né probablement à Grésillac, le pays de sa mère et de sa grand mère Choslet, vers 1675 ; il se maria dans cette paroisse avec une demoiselle du lieu, Marguerite Reynier de Barre33 fille de Jean Joseph Reynier, seigneur de Bonnet et de Barre, habi­tant la maison noble de Granet. Les Reynier, comme les Laville depuis deux générations étaient de ces petits hobereaux, nombreux en Entre-Deux-Mers, qui vivaient sur leurs terres, dans leurs petits châteaux ou maisons nobles et qui, souvent, se mettaient au service du roi.Le mariage de Jean-Baptiste de Laville eut lieu le 25 juin 1701 ; le contrat avait été signé à Bordeaux le 10 avril34. La demoiselle Reynier était dotée de 16 000 livres en avancement d’hoir. Cette dot était plutôt modeste. Ce qui l’était moins c’était la présence de trente témoins qui signèrent le contrat.Jean Baptiste de Laville n’eut pas de fils mais cinq filles dont quatre lui survécurent. Bizarrement, et sans doute de façon délibérée, le baron d’Arès décida que ses enfants viendraient au monde dans cha­cune de ses résidences : Margueritte à Grésillac en 1703, Pétronille en un lieu inconnu, Izabeau à Arès, elle fut baptisée à Lège en 1706, Marguerite à Bordeaux en 1708 et Marie à Croignon en Entre-Deux-Mers en 1710.PREMIÈRE LIQUIDATION DU PATRIMOINE DE BIGANOSL’héritage des grands pères Pierre, Gaillard et Jean de Laville allait être vendu par Jean-Baptiste et ses descendants. Dès 170235 le baron d’Arès cédait plusieurs terres à Jean Baptiste Amanieu de Ruat, baron d’Audenge, puis sa moitié des moulins d’Arnère et de Pontnau. Ces deux personnages effectuèrent aussi divers échanges et Laville vendit enfin une de ses « métairies dans la lande ».« LE PETIT ROI DE SOULAC »Le baron d’Arès avait conservé aussi le patrimoine des Lapillanne : la maison où il résidait souvent, des salines, des terres et des moulins. Il était le grand notable de la péninsule médocaine, ce qui lui valait le qualificatif de « petit Roi de Soulac ». Ses activités ont laissé quelques traces dans les archives de l’Intendance. On pourra ainsi se référer aux rocambolesques et confuses péripéties de cette affaires de faux sauniers qui en 1727/1728 opéraient dans les salines du Baron d’Arès et dans lesquelles il se trouva plus ou moins impliqué36.LE COMMANDANT DES GARDES-CÔTESLe 30 septembre 1719, le roi nommait « Monsieur le Baron d’Arès » capitaine major des gardes-côtes de La Teste, sous l’autorité de l’amiral de France et les ordres du gouverneur37. Cette capitainerie, la 7ème de la province de Guyenne, fut réorganisée selon une ordonnan­ce royale du 5 août 1721 qui rattachait au commandement de La Teste les paroisses de Lacanau, Le Temple, Le Porge, Ignac, Lège, Andernos, Arès, Lanton, Audenge, Biganos, La Mothe, Le Teys, Gujan, La Teste, Cazau, Sanguinet, Biscarrosse, Saint Paul en Born, Aureillan, Mimizan, Bias, Mios, Parentis, Castes, Pontenx.L’amiral visé par les textes était alors le comte de Toulouse, on­cle du roi, un des fils de Louis XIV et de Madame de Montespan.Pratiquement le rôle de ces gardes-côtes était la surveillance des naufrages et des épaves.Le 21 avril 1742, le baron d’Arès faisait nommer son beau-frère Pierre de Barre, jusque là capitaine au Régiment de Normandie, au pos­te de major de la capitainerie de La Teste. Cette même année Jean-Baptiste Laville devenait chevalier de Saint Louis. Cette fonction de commandant des gardes-côtes était de tout repos. Le baron d’Arès l’exerçait depuis son domicile bordelais. Il la conserva jusqu’à son décès survenu en 1754.L’INCENDIE DU CHÂTEAU D’ARÈSDans la nuit du 26 au 27 février 1706, le château d’Arès brûla. Il s’agissait de cette maison à colombages de type landais que Claude Masse avait décrite. Le sinistre fut violent. Lafon et Desages domesti­ques au château y périrent et leurs corps furent retirés des décombres (état-civil).Il est également fait allusion à cet incendie dans l’ordonnance de 1755 dont on parlera plus loin. Les archives de la baronnie disparurent aussi et c’est pourquoi tous les actes et procédures ultérieurs ne purent se référer qu’à des copies ou des traditions : (cf Bulletin 42, p. 38), baillettes de 1506, 1619 et 1702 relatives aux pacages, aux droits accordés sur les bois et la lande, au guet et à la pêche. Tous ces titres sont bien cités par l’ordonnance de 1755 connus par des copies.Le texte de l’ordonnance contient aussi une précision nouvelle sur l’histoire de la baronnie. Il est indiqué que le 5 Août 1575, le sei­gneur Durfort de Duras baron d’Arès, vendit sa seigneurie à Ogier de Gourgues. Cet acquéreur était l’important président du bureau des finances de Guyenne, et seigneur de Lège depuis quelques années. Il est clair que cette vente fut sans suite ; très vraisemblablement elle fut assortie d’une clause de « réméré » comme ce sera le cas en 1601.BOIS, LANDES ET PACAGESOn a vu que les droits des habitants d’Arès sur la lande de la ba­ronnie remontaient à la baillette de 1506. C’est pourquoi Jean Baptiste de Laville n’accorda aucune concession nouvelle aux arésiens. Par con­tre, il fut amené en 1730, à réglementer les incursions des pasteurs du Porge et du Temple dans la lande d’Arès et du Temple. Il rappelait que ces bergers n’avaient aucun droit mais il leur accordait cependant et à ti­tre personnel des autorisations de pacages limitées dans le temps moyen­nant une redevance de 5 livres pour 100 brebis. Il interdisait encore l’accès au bois et garennes mais autorisait gratuitement ces bergers à couper le bruc, les jaugues et la brande pour leur chauffage (not Brun du Porge).Ces facilités étaient de toute autre nature que les baux à fief ac­cordés assez généreusement dans les seigneuries de la région à cette époque et qui devinrent après la Révolution des objets de contesta­tion. Ce fut le cas d’Arès.LES DROITS SUR LA PÊCHEDepuis le Moyen Âge, et peut-être plus anciennement encore, les seigneurs côtiers de notre région exerçaient divers droits non seule­ment sur les épaves (Audenge, Certes, Buch, Lège, Comprian, Castelnau… ) mais aussi sur les produits de la pêche.Et, on rappelle que Bernard de Foix de Lavalette, duc d’Épernon avait tenté au siècle précédent de déposséder les seigneurs de Certes, Andernos et Arès de leurs droits traditionnels sur la pêche, mais en vain.Or, ces anciens droits avaient vraisemblablement à l’origine une justification : l’obligation pour les seigneurs d’assurer la défense des côtes. Les temps avaient changé ; la défense des côtes en particulier et du territoire, en général était maintenant exercée par l’État ; et les gardes-côtes étaient organisés depuis peu. Inéluctablement les droits sur la pêche allaient être remis en cause par l’autorité royale. Ainsi furent pris par le Conseil du Roi deux arrêts des 21 avril et 26 octobre 1739 « ordonnant la vérification des titres et droits maritimes ». Le captal de Buch fut un des premiers à subir les conséquences de ces remises en cause. L’arrêt du Conseil du 28 janvier 1742 supprima les droits du captal de Buch en matière de pêche.À Arès, les moyens de défense de Jean Baptiste de Laville avaient pour la plupart disparus dans l’incendie de 1706 mais le cas était, d’ail­leurs différent. Les droits anciens du baron d’Arès avaient perdu leur caractère régalien ; ils étaient devenus contractuels depuis la
signature de la transaction du 11 mai 1702. D’autre part, quelques habitants d’Arès saisirent l’occasion de l’enquête administrative pour se porter partie intervenante et contester les droits prétendus par le baron d’Arès. Passant outre aux dispositions contractuelles de 1702, les « Commissaires Généraux députés par sa Majesté » prirent une ordon­nance le 20 mai 1755 disant : « sans avoir égard à la transaction du 11 mai 1702, faisons défense au Sieur Baron d’Arès de percevoir aucun droit soit en nature soit en argent sur les pêcheurs dans le Bassin d’Arcachon sauf à se pourvoir contre les habitants du lieu d’Arès, comme il avisera bon être, des transactions des 17 juillet 1616 et 11 mai 1702 ».Cette ordonnance fut enregistrée à l’amirauté de Bordeaux le premier avril suivant38.À la suite de cette interdiction et en compensation, Jean Baptis­te de Laville rentra dans la possession du pignada que son père avait fait semer et qu’il avait concédé en 1702.TESTAMENT ET SUCCESSIONLe 17 août 1724, Jean Baptiste de Laville se trouvait à Soulac. En présence de quelques parents et amis il établit son testament dans la forme olographe. Il partagea son patrimoine entre ses quatre filles. Pétronille qui s’était mariée quelques semaines plus tôt à Christophe Barthommé Seigneur de Barbeau39 recevait la confirmation de sa dot de 30.000 livres. Izabeau eut la terre d’Arès et la maison noble de Biganos, en fait tout le patrimoine du Pays de Buch où elle était née. Marie eut l’héritage de Soulac et Valeyrac ; Marguerite eut la maison de Grésillac où elle vécut et mourut très âgée le 13 juin 1789.Jean Baptiste de Laville survécut ; il confirma à sa fille Izabeau la donation d’Arès lors de la signature de son contrat de mariage. Il décédait le 3 avril 1754. Oubliant les sépultures familiales que l’arche­vêque avait concédées à sa famille dans les églises de Biganos et de Soulac40 il se fit enterrer à Sainte-Eulalie de Bordeaux.Pierre LABATLire la suite.27. « Du Temple » avait épousé le 18 novembre 1681 à Puy-Paulin une demoiselle Peyronne Cournut dont le père avait été juge de Soulac. Il mourut trois mois plus tard (testament du 17 janvier 1682. Giron notaire)28. «Baleyrac», alors étudiant en droit et domicilié chez son frère à Bordeaux mourut en 1686. Il léguait cinq sous à chacune de ses sœurs religieuses et autant à ses frères et sœur Gontier (testament chez Bouyé not.)29. Le contrat fut établi par Douteau, notaire de Bordeaux. Il est perdu30. Enregistrée au Parlement le 18 septembre 166931. Not. Douteau 3 E 4771 le 20 mars 1672 et 7 juin 167232. Not. Giron 3 E 6615 du 4 novembre 1687 et Bouyé du 29 juin 168933. Maigueritte Reynier est née le 11 avril 1679 à Grésillac et fut baptisée le 6 avril 1680 à Branne où elle était en nourrice34. De Vivans, notaire à Bordeaux35. ADG. Il est fait état de ces ventes dans le testament de J.B. Laville. Quatre contrats furent signés le 29 août 1702 ; selon le registre de l’enregistrement de La Teste. Établis
par Barberon, ils ont disparu.36. ADG. C 2377 – Voir bulletin n° 15, article de Jacques Ragot « Le baron d’Arès, faux saunier ou chaud lapin ».37. Archives Nationales – Guerre à Vincennes Y B 681 – ADG 6 B 5 et 6 B 738. ADG-6B1039. Le 8 avril 1724 à Soulac Extrait du Bulletin n° 48 du 2ème trimestre 1986 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

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